France-Maroc : ce qu’il faut savoir sur Farida Amrani, la syndicaliste devenue députée
Après deux tentatives infructueuses, cette syndicaliste franco-marocaine a été élue, à 46 ans, députée de la 1ère circonscription de l’Essonne.
La « bête noire de Manuel Valls ». C’est l’image qui colle à la peau de Farida Amrani, élue députée de l’Essonne lors des élections législatives de 2022, et ce depuis le scrutin précédent, en 2017. A l’époque, cet agent territorial née en 1976 à Ajdir, dans le nord du Maroc, d’un père ouvrier dans le bâtiment et d’une mère au foyer et arrivée en France à l’âge de 2 ans se présentait à la députation face à l’ancien Premier ministre de François Hollande.
Manuel Valls l’avait emporté, mais avec un minuscule écart de 139 voix. Convaincue que le scrutin avait été entaché de nombreuses irrégularités et suspicions de fraude, Farida Amrani avait alors déposé un recours devant le Conseil constitutionnel qui, s’il n’a pas abouti, avait beaucoup fait parler.
David contre Goliath
Ce recours et la médiatisation dont il a fait l’objet serait, veut-on croire dans son entourage, l’une des raisons qui aurait poussé l’ancien Premier ministre à lâcher son mandat de parlementaire et à partir briguer la mairie de Barcelone. À l’époque, cet affrontement électoral avait pris des allures de duel entre David et Goliath. L’ancien maire d’Évry avait en effet reçu le soutien des six maires de la circonscription, ainsi que celui du sénateur et puissant homme d’affaires Serge Dassault. En réaction, de nombreux intellectuels décidèrent donc de soutenir publiquement la candidature de Farida Amrani.
Il est vrai que l’écart de notoriété, d’expérience politique et même de parcours personnel entre les deux adversaires aurait difficilement pu être plus abyssal. Face au politicien rôdé qu’est Manuel Valls, son opposante ne pouvait, lors de sa première campagne, revendiquer qu’une modeste expérience militante. C’est, dit-elle, grâce à l’association de parents d’élèves à laquelle appartient cette mère de trois enfants qu’elle s’est forgée une conscience politique. Après un désaccord avec le maire au sujet de la réforme des rythmes scolaires, en 2013, ce dernier lui aurait lancé : « Madame, si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à monter votre liste aux élections municipales.
Piquée au vif, elle décide, peu de temps après, de présenter une liste, dont elle prend la tête, pour concourir effectivement aux élections municipales de 2014. Sa qualification au second tour lui permet de faire la connaissance de Jean-Luc Mélenchon, venu la soutenir dans l’entre-deux tour. L’actuel leader des Insoumis dirigeait alors encore son ancienne formation du Front de gauche. À défaut d’être élue maire, elle remporte, avec 18 % des voix, quatre sièges de conseillers municipaux.
Trois tentatives pour être élue
Après la démission de Manuel Valls en 2018, elle se présente à nouveau à l’élection législative partielle, mais échoue face au candidat de la majorité présidentielle, continuant toutefois à accroître sa visibilité.
« Elle incarne quelque chose de rare, à la fois au niveau politique et personnel », affirme l’un de ses proches, en référence à la trajectoire de « transfuge de classe » de la nouvelle députée. Une étiquette que l’intéressée n’aime pas qu’on lui colle.
Après deux tentatives infructueuses, c’est finalement portée par la dynamique de la Nouvelles Union populaire écologique et sociale (Nupes) qu’elle devient, en 2022, députée de la première circonscription de l’Essonne. Un territoire que Farida Amrani connaît bien. Elle a occupé les fonctions de conseillère municipale d’Évry, conseillère communautaire de l’agglomération Grand Paris Sud, ou encore celle d’agent de maîtrise dans une Communauté d’agglomération de l’Essonne. « Elle connait parfaitement la circonscription, ce qui est loin d’être toujours le cas des nouveaux élus », poursuit un ancien collaborateur.
Relève à gauche
Farida Amrani fait partie de ces nouveaux visages qui, malgré leur ancrage local pour certains, restaient jusqu’ici inconnus du grand public. Avec ses camarades, elle incarne à présent la relève. « Avec Jean-Luc, on se texte beaucoup », confiait-elle à L’Obs dès 2018 au moment de sa deuxième tentative à la législative partielle. Alors qu’il se murmure que La France insoumise s’apprête à tourner la page Mélenchon, cette proximité supposée avec le grand chef de la gauche pourra-t-elle lui permettre de jouer un rôle de premier plan ?
Sans surprise et compte tenu de son parcours, la néo-députée a intégré la commission Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Elle s’est fait remettre son écharpe de parlementaire par une aide-soignante qui travaille dans un hôpital de l’Essonne. « Mon mandat sera à l’image de ce premier déplacement officiel, pour la défense de nos services publics », a-t-elle aussitôt tweeté.
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