Tunisie : Slim Riahi, l’inquiétant mélange des genres

Président de parti et patron d’un club de foot, le businessman tuniso-britannique Slim Riahi lorgne désormais les médias. Une ambition qui ne laisse personne indifférent.

Un quadragénaire aussi ambitieux que mystérieux. © Hichem

Un quadragénaire aussi ambitieux que mystérieux. © Hichem

Publié le 18 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

On lui prête des liens avec les fils Kadhafi. Il dit avoir fait fortune dans l’immobilier et le pétrole en Libye. L’énigmatique Slim Riahi gênerait-il le pouvoir tunisien ? L’arrestation, le 3 avril, de Borhane Bsaies, un ancien propagandiste de Ben Ali accusé d’avoir occupé un emploi fictif, et devenu le conseiller en communication de cet homme d’affaires tuniso-britannique de 40 ans, pourrait le laisser supposer. Pourtant, l’Union patriotique libre (UPL), parti qu’il a fondé en avril 2011, n’avait remporté aucun siège lors de l’élection de l’Assemblée constituante le 23 octobre suivant, malgré une campagne onéreuse et force slogans populistes à l’adresse des jeunes.

Diplômé en management de l’université Al-Fateh de Tripoli, ce fils d’avocat exilé en Libye depuis 1980 fait figure d’ovni dans le ciel politique tunisien. Aussi prodigue que dépourvu de programme, il affirme mettre sa fortune « au service de la jeunesse ». D’anciens militants de l’UPL le décrivent comme « un homme qui croit pouvoir tout faire avec de l’argent ».

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Soupçons

En l’absence d’un retour sur investissement rapide en politique, Riahi dribble avec les projets. Il dit vouloir acquérir 20 % des parts du groupe de presse Dar Assabah et devenir le maître d’oeuvre d’un projet agroalimentaire de 325 millions d’euros. Rien ne se concrétise. Entre-temps, il investit dans le football et devient président du Club africain, l’une des deux équipes phares de Tunis.

Sa double casquette de leader de parti et de dirigeant sportif fait naître des soupçons de financements illicites et provoque une polémique. Au grand dam des supporteurs, le gouvernement menace de dissoudre le club. L’apprenti Berlusconi calme le jeu et annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat. Mais, début avril, la soeur de Sami Fehri, le propriétaire d’Ettounsiya, affirme que Riahi a acheté la fréquence sur laquelle émet cette chaîne de télévision, menaçant son existence. À Tunis, on s’interroge désormais sur les intentions précises de Riahi et sur les dessous d’un éventuel rapprochement de l’UPL avec Nida Tounes, la formation de l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi.

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