Guerre au Mali : la Misma, faible force

Insuffisance des moyens, manque de compétences, commandement défaillant… La Mission internationale de soutien au Mali est loin d’atteindre ses objectifs. Pourra-t-elle prendre le relais des Français ?

Le Nigérien Seyni Garba, commandant adjoint de la Misma, à Gao, le 2 février. © AFP

Le Nigérien Seyni Garba, commandant adjoint de la Misma, à Gao, le 2 février. © AFP

Publié le 16 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Il y avait déjà eu l’épisode Susan Rice : en décembre 2012, la représentante des États-Unis à l’ONU avait comparé le plan français d’intervention militaire au Mali (antérieur à l’opération Serval) à « de la merde ». Cette fois, c’est un haut fonctionnaire du Pentagone qui met les pieds dans le plat. Devant les sénateurs, le 9 avril, Michael Sheehan a émis un jugement sans concession sur les troupes de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). « Une force totalement incapable », a-t-il tranché. Réaction d’un diplomate ouest-africain : « Il a raison. » Même les Français, longtemps optimistes, l’admettent désormais du bout des lèvres.

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Les failles sont nombreuses. Il y a tout d’abord l’incapacité des contingents ouest-africains à se projeter. Un exemple : les 500 soldats sénégalais ont mis des semaines à rejoindre le Mali, voisin pourtant facile d’accès. Le 6 avril, près de trois mois après le début de la guerre, seuls 6 000 soldats (dont les 2 250 Tchadiens) se trouvaient dans le pays sur les 7 100 annoncés. « Si cette guerre a révélé une chose sur nos armées, c’est bien notre incapacité à nous projeter hors de nos frontières, convient un chef d’état-major ouest-africain. Et ce n’est pas qu’une question de moyens. Nous manquons aussi de compétences. »

Inquiétude

Selon plusieurs experts, le commandement est défaillant, et les soldats sont mal équipés et peu formés. Ceux jugés aptes au combat sont rares. Un symbole : récemment, quelques dizaines de Sénégalais ont bien rejoint Gao, mais il s’agit de parachutistes – la crème de l’armée sénégalaise. Hors de question d’envoyer les autres au feu. Inquiétant, alors que les Français ont commencé leur désengagement.

Le 15 avril, selon le calendrier confidentiel de la Misma, tous les points stratégiques doivent être sécurisés par les troupes africaines. Les Nigérians doivent tenir la région de Léré ; les Burkinabè, les villes de Tombouctou et Goundam ; les Togolais, Gossi et Koro ; les Nigériens, Gao, Ansongo et Ménaka ; et les Tchadiens, Kidal, Aguelhok et Tessalit. Les autres seront en réserve à Sévaré. Mais pour les soutenir, la Misma ne compte pour l’heure que deux avions de reconnaissance, quatre Alpha Jet (avions de combat) nigérians basés à Niamey, une demi-douzaine d’hélicoptères de combat et une poignée d’hélicoptères de transport de troupes… « Insuffisant pour couvrir un territoire aussi grand, juge un officier de la région. Aujourd’hui, nous dépendons entièrement des Français. C’est la preuve de notre échec. »

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