Chroniques oubanguiennes

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 12 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Chroniques oubanguiennes La malédiction existe-t-elle ? Personnellement, je n’y crois pas. Ce que d’aucuns nomment malédiction n’est qu’un concours de circonstances, un faisceau de faits dont la rationalité semble peu évidente. Et comme l’explication de ces faits, en apparence troublants, devient difficile, voire impossible, ils n’hésitent pas à y voir la main de leur Dieu mécontent ou de leurs ancêtres courroucés. C’est ce qui se passe en République centrafricaine. Les malheurs de ce pays ne datent pas d’aujourd’hui. Il faut remonter à l’époque coloniale pour comprendre le traumatisme qu’ont vécu les habitants de ce qui s’appelait alors l’Oubangui-Chari. Après avoir connu les affres de l’esclavage, l’Oubangui-Chari a subi une colonisation brutale, marquée par la loi impitoyable des sociétés concessionnaires qui exploitaient une main-d’oeuvre corvéable à merci. Les souffrances endurées par la population ont inspiré un administrateur colonial, le Martiniquais René Maran, auteur de Batouala, véritable roman nègre, prix Goncourt en 1921.

S’il est vrai que, en tant que peuple, les Centrafricains n’ont pas le monopole de la souffrance, il reste indéniable que leurs malheurs semblent sans fin. Le premier coup d’État remonte à 1965. Il y a donc quarante-huit ans. Mais qu’est-ce qui fait donc courir tous ces putschistes qui, au départ, se prennent pour des messies, reprenant à l’envi la même antienne, avant de se transformer en rigolos et de finir tels des pantins désarticulés ? Depuis 1965, la République centrafricaine ressemble pitoyablement à un panier de crabes où se nouent et se dénouent de basses intrigues pour accéder, ni plus ni moins, à la mangeoire. Sans parler de la main extérieure, lointaine ou proche, occupée à mouvoir les marionnettes.

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Tragicomédie

Les derniers événements qui ont secoué ce pays agonisant, incapable de maîtriser son destin, sont tragicomiques. D’abord, une rébellion décide de renverser François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 sous le haut patronage du Tchad. Les tireurs de ficelles de la région décident de calmer les esprits, convoquent une réunion au sommet à Libreville, qui débouche sur un accord se résumant à un partage du pouvoir entre les belligérants avant la tenue d’élections, dans trois ans. Mais était-ce le dessein du chef de la rébellion, le nommé Michel Djotodia, devenu ministre, de demeurer un simple ministre ? Apparemment, non. Sinon comment expliquer la mise en scène qui lui a permis de prendre le pouvoir par la force tout en affirmant son attachement à l’esprit de l’accord de Libreville ?

Michel Djotodia a commencé par annoncer qu’il resterait au pouvoir jusqu’en 2016, dans le strict respect de l’accord de Libreville. Et après ? On imagine mal quelqu’un qui conquiert le pouvoir par des voies violentes disparaître de la scène au bout de trois ans, renonçant à se porter candidat à l’élection présidentielle. Beaucoup de messies avant lui ont chanté la même chanson. Les parrains, réunis à N’Djamena, ont décidé de limiter la période de transition à « un ou deux ans ». Djotodia a encore opiné du chef. Vous avez dit louche ?

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