Rwanda : vingt ans après le génocide, la France va juger Pascal Simbikangwa

Avec le renvoi devant une cour d’assises de l’ancien officier Pascal Simbikangwa, c’est la première fois que la justice française s’apprête à juger un Rwandais accusé de génocide

Pascal Simbikangwa a été arrêté à Mayotte en 2008. © AFP

Pascal Simbikangwa a été arrêté à Mayotte en 2008. © AFP

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Publié le 11 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Les faits remontent à près de vingt ans, et le malaise judiciaire était presque aussi ancien. Le 12 juillet 1995, une plainte était déposée devant le tribunal de Privas (Ardèche) contre un prêtre rwandais soupçonné de complicité de génocide. L’abbé Wenceslas Munyeshyaka fut brièvement incarcéré avant de recouvrer la liberté. Soutenu par l’épiscopat, il poursuit ses activités sacerdotales en Normandie malgré la gravité des charges qui pèsent contre lui. Son dossier est toujours à l’instruction.

Pascal Simbikangwa a eu moins de chance. Surnommé « le Tortionnaire », l’ancien chef du Service central du renseignement, qui s’était distingué au sein de l’état-major secret du Hutu Power au début des années 1990, est soupçonné d’avoir pris part au génocide perpétré contre les Tutsis d’avril à juillet 1994.

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Diligence

La trace de cet homme cloué sur une chaise roulante depuis 1986 se perd en RD Congo au lendemain du massacre. Mais en octobre 2008, Simbikangwa, qui vit à Mayotte sous une fausse identité, est arrêté pour trafic de faux papiers. La police française découvre qu’un mandat d’arrêt Interpol vise celui qui se fait alors appeler Safari Sedinawara.

Par contraste avec les procédures ouvertes en métropole, la justice mahoraise fait diligence : ouverture d’une instruction, mise en examen, placement en détention provisoire. Fin 2009, Simbikangwa est transféré à Fresnes, près de Paris, l’instruction pour génocide étant confiée aux magistrats du Tribunal de grande instance de la capitale. En mai 2010, à la faveur du réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali, deux juges d’instruction se rendent au Rwanda pour enquêter sur son rôle. L’instruction est close en février 2013. Conformément aux réquisitions du Parquet, les magistrats instructeurs ordonnent son renvoi devant les assises.

Cette décision symbolique pose en creux la question des lenteurs de la justice française face aux 22 autres procédures visant de présumés génocidaires présents dans l’Hexagone. En Norvège, en Suède, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique ou au Canada, des procès ont conduit à des condamnations. « En France, il y a un énorme malaise, analyse la journaliste Maria Malagardis, auteure de Sur la piste des tueurs rwandais. Jusqu’en 2010, il y avait une volonté manifeste de ne pas juger les Rwandais accusés de génocide. »

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