Égypte : Bassem Youssef, le parti des rieurs

Visé par une série d’enquêtes judiciaires pour avoir critiqué les Frères musulmans lors de son émission satirique, Bassem Youssef gagne en popularité.

L’humoriste de la chaîne de télévision CBC, le 31 mars. © Sipa

L’humoriste de la chaîne de télévision CBC, le 31 mars. © Sipa

Publié le 10 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Cinq heures d’interrogatoire dans les bureaux du procureur général n’auront pas suffi à intimider le premier commentateur satirique d’Égypte. « Le ton de mon émission va se durcir. Nous ne céderons pas », a indiqué Bassem Youssef à la chaîne américaine CNN le 1er avril, au lendemain de sa libération contre une caution de 15 000 livres égyptiennes (1 705 euros).

Le 30 mars, le parquet avait émis un mandat d’arrêt à son encontre au motif qu’il aurait « insulté l’islam » et « porté atteinte à l’image du président », Mohamed Morsi, lors de son émission hebdomadaire, Al-Bernameg. Et le 2 avril, l’ex-chirurgien cardiaque reconverti en humoriste a annoncé qu’une nouvelle enquête avait été ouverte par les services de la Sûreté de l’État pour « diffusion de rumeurs et d’informations mensongères, et troubles à l’ordre public ». « Il semblerait qu’ils veuillent nous éreinter physiquement, psychiquement et financièrement », a-t-il réagi.

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Mais si l’objectif était de faire taire Youssef, c’est raté. « Cette affaire l’a transformé en héros, estime Naila Hamdy, professeure de journalisme et de communication à l’université américaine du Caire. Il est temps de revoir toutes ces procédures judiciaires. Convoquer et arrêter les gens à tour de bras ne nous apporte que de la publicité négative. D’autant que nous sommes censés avoir fait une révolution. »

Téléprédicateurs

Yeux verts pétillants de malice, toujours élégant et le sourire aux lèvres, l’humoriste se montre impitoyable lorsqu’il commente l’actualité politique. Les épisodes de la saison 2 d’Al-Bernameg, qui a débuté en novembre 2012 sur la chaîne privée CBC, sont tournés chaque vendredi en direct et en public dans un théâtre. Du jamais vu. Utilisant un langage populaire, Youssef a fait des Frères musulmans, au pouvoir, sa cible de prédilection. Ses autres victimes ? Les salafistes, alliés à la puissante confrérie, et les téléprédicateurs, qu’il accuse d’exploiter la religion à des fins politiques. « De même qu’ils ne nous considèrent pas comme de bons musulmans, nous ne voyons pas en eux des prédicateurs ou des théologiens sérieux », avait-il lancé en décembre dernier.

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