Quand Patrice Evra regrette de ne pas avoir choisi le Sénégal
Rapportés puis démentis, des propos de l’ancien international de football trahiraient une certaine rancœur vis-à-vis d’un monde sportif français jugé trop « politique »…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 20 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.
Le populisme, cette tendance à dire à chaque auditoire ce qu’il veut entendre, ne serait-il pas réservé à la sphère politique ? En déplacement au Ghana, le Français d’origine sénégalaise et cap-verdienne Patrice Evra est revenu sur les difficultés rencontrées au cours de sa carrière en équipe de France, du fait de ses origines et/ou de sa couleur de peau, des propos repris par de nombreux organes de presse français de premier plan. Le site Sports Brief affirme ainsi que l’ancien joueur de Manchester United aurait comblé son public africain en déclarant regretter, le 15 septembre dernier, son choix d’équipe nationale.
Racisme systémique ?
« Si je pouvais revenir en arrière, je choisirais de représenter mon pays natal, le Sénégal, au lieu de la France » : si ces propos auraient été démentis, selon une radio française, par l’entourage de l’ancien international français, c’est bien des discours très politiques que Patrice Evra a développés en Afrique de l’Ouest, entre deux déclarations d’amour au continent hôte. « Mon rêve est de changer l’image de l’Afrique », a-t-il déclaré, ajoutant ensuite : « Mon rêve est qu’une équipe africaine gagne peut-être un jour la Coupe du monde. »
En cause dans les tacles du footballeur à la France, une ingratitude qui ressemblerait à du racisme systémique. « Lorsque vous jouez bien et que vous gagnez, vous êtes Français ; quand l’équipe perd, vous êtes considéré comme Sénégalais. » Empruntée au tennisman français d’origine camerounaise, l’image vient compléter d’autres affirmations de l’ex-joueur de l’Olympique de Marseille.
Il avait déjà dénoncé les discriminations dont il aurait été victime, lors des visites de chef d’État au centre sportif de Clairefontaine. Selon lui, lorsqu’un président s’assied au réfectoire, le plan de table serait modifié, « un Hugo Lloris et un Laurent Koscielny » entourant l’invité du jour, au risque d’occuper les places de joueurs noirs comme « Mamadou Sakho ou Bacary Sagna ».
Coincé entre les générations
L’affirmation mériterait une vérification sur archives vidéo, mais peut-être les responsables du protocole élyséen craignaient-ils le franc-parler de Patrice Evra. Cours d’eau sénégalais ou affluent français, le parcours du footballeur n’a jamais été un long fleuve tranquille. De nombreuses polémiques lui sont encore associées, dans l’imaginaire collectif : ses joutes avec des journalistes ou consultants, comme Pierre Ménès ou Luis Fernandez, un coup de pied à un supporter en 2017, une insulte à caractère homophobe en 2019, ou encore son rôle joué dans la grève des joueurs, lors de la Coupe du monde 2010, pourtant sur le continent qu’il glorifie aujourd’hui.
Coincé entre la génération des champions du monde 1998 et celle des vainqueurs du mondial 2018 – il a participé aux Coupes du monde 2010 et 2014 –, il est humain qu’Evra fantasme l’uchronie d’une sélection en équipe nationale africaine et d’une victoire africaine à la phase finale du Mondial…
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