Bénin : mi-figue, mi-raisin
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Tshitenge Lubabu M.K.
Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.
Publié le 2 avril 2013 Lecture : 2 minutes.
Bénin : la course contre la montre
Il fut un temps où le Bénin, l’ex-Dahomey, était considéré comme un modèle. À tort ou à raison, on l’avait surnommé le Quartier latin (!) de l’Afrique de l’Ouest parce que, disait-on, il comptait un nombre d’intellectuels plus élevé que dans les autres pays de la région. Aujourd’hui, les mauvaises langues affirment qu’il y a plus de médecins béninois en Île-de-France que dans leur pays d’origine.
Il y eut également un temps où le Dahomey s’illustrait par son nombre impressionnant de coups d’État. Il connut un régime marxiste-léniniste, qui le débaptisa, avant de se rattraper, en 1990, en organisant la première Conférence nationale du continent ; il vécut alors l’alternance et devint un modèle de démocratie. Pourtant, le petit pays, comparé par exemple à son voisin nigérian géant, ne possède pas grand-chose en termes de ressources. Le Bénin a le vaudou, c’est incontestable. Mais le vaudou ne se mange pas, hélas !
Alors que reste-t-il ? Le coton, dont le pays fut longtemps le premier producteur en Afrique de l’Ouest, avant que le Burkina Faso ne le détrône. Et l’huile de palme aussi. Ainsi que le port de Cotonou, par où transite une quantité importante de marchandises, destinées notamment au Nigeria.
Mais les Béninois, à cause d’un clientélisme permanent, ne profitent pas de ces quelques atouts qui auraient dû, a priori, contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Seul recours : l’informel. Pendant ce temps, la corruption et les détournements de fonds publics se portent bien. Sinon, comment expliquer que ceux qui sont pris la main dans le sac et ont occupé de hautes fonctions puissent échapper aux juges ?
Comment expliquer que ceux qui sont pris la main dans le sac puissent échapper aux juges ?
Sur le plan politique, le Bénin ne cesse d’étonner. C’est l’un des rares pays du continent où un fonctionnaire international, Thomas Boni Yayi, peut se permettre, sans le soutien d’un parti politique, de remporter à deux reprises l’élection présidentielle, au grand dam des vieilles formations politiques, en pleine dégringolade. Ce qui signifie que le Bénin a soif de renouveau, un renouveau symbolisé par tous ces jeunes loups aux dents longues qui attendent leur heure. À condition que le régionalisme, ce phénomène dangereux qui semble avoir gagné certains esprits, ne triomphe pas.
Si les vieux partis, à l’instar de la Renaissance du Bénin (RB), de l’ancien président Nicéphore Soglo, et du Parti social démocrate (PSD), de l’ex-ministre Bruno Amoussou, sont passés respectivement de 27 députés à 3 et d’une dizaine à 2, c’est certainement la preuve que la mayonnaise ne prend plus. Il est donc temps de changer de rythme.
Durant son premier mandat, Thomas Boni Yayi a promis beaucoup de choses pour améliorer le niveau de vie des Béninois. Au cours de ce deuxième et, a priori, dernier mandat, il n’a cessé de renouveler ces promesses. Mais le président du Bénin n’est pas un faiseur de miracles. S’il veut voir se réaliser un tant soit peu son programme, certaines conditions préalables doivent être remplies. Et pour attirer d’éventuels investisseurs, qui pourraient donner du travail aux chômeurs, il faut d’abord résoudre des problèmes urgents : l’insuffisance de la fourniture en électricité, le mauvais climat des affaires, l’impunité et le clientélisme… L’avenir, qui n’est pas sombre, loin de là, est à ce prix.
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