France : Marseille, c’est le far west !

Vingt-quatre morts dans des règlements de comptes, souvent liés au trafic de drogue, en 2012… Déjà cinq depuis le début de l’année…

Après une fusillade dans le 13e arrondissement, le 13 mars. © AFP

Après une fusillade dans le 13e arrondissement, le 13 mars. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 3 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Une dentiste abattue dans son cabinet le 19 mars… Un homme blessé par balles de 11,43 dans le quartier de l’Estaque le 22… Un gérant de cercle sportif blessé par une arme de gros calibre le 23, dans ce que l’on appelle les quartiers nord… Ces deux dernières victimes ont eu de la chance. La particularité des règlements de comptes marseillais est de se conclure le plus souvent par un « barbecue », pratique qui consiste à brûler les corps dans une voiture pour faire disparaître les indices.

Bref, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, est fondé à estimer que « Marseille crève de cette culture de la violence, qui gangrène ses quartiers ». C’est le royaume du carjacking (piraterie routière), de l’arrachage de collier sur des personnes âgées et des attaques de train. Dans une vingtaine de cités, le trafic de drogue prospère. Comment les « minots » pourraient-ils résister à la tentation de faire le guet pour 50 euros par jour au profit de caïds qui ont pignon sur rue dans les cités de Bassens, des Oliviers ou de La Cayolle ? Née dans les quartiers nord, la sénatrice socialiste Samia Ghali réclame l’intervention de l’armée pour ramener l’ordre. Elle le sait, elle le clame : « Le premier employeur des jeunes dans les cités, c’est le trafic des stupéfiants, qui fait vivre des familles entières. » Et qui pousse les trafiquants à s’entretuer à la kalachnikov.

Carjacking, arrachages de colliers, attaques de trains… Bienvenue dans les quartiers nord !

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Droite et gauche se renvoient la responsabilité de cette déshérence urbaine. La vérité est qu’elles ont l’une et l’autre fait preuve d’insouciance. Après le 11 septembre 2001, elles se sont gargarisées du fait que Marseille était une ville d’immigration forte et ancienne, où l’intégration avait toujours bien marché. De fait, il n’y eut ni flambée de violence dans les cités, ni terrorisme islamiste comme à Toulouse ou à Lyon. On invoqua une oasis marseillaise, où les zones franches, l’Olympique de Marseille et la présence d’associations d’insertion empêchaient le tissu social de se déchirer.

Ripoux

Pour comprendre l’étendue du mal, il a fallu 24 morts dans des règlements de comptes en 2012 (5 depuis le début cette année) et l’arrestation de 7 policiers « ripoux » de la Brigade anticriminalité (BAC) qui revendaient la drogue saisie chez les dealers. La mainmise des gangs sur la ville « hérissant la fibre républicaine » de Manuel Valls, le ministre s’est résolu à lancer une reconquête à la hussarde : dissolution de la BAC, envoi en renfort de 240 CRS et gendarmes mobiles, doublement des policiers « VTTistes » chargés de traquer les agresseurs de vieilles dames, mise en place d’un groupe de « ninjas » équipés de puissantes motos pour poursuivre les dealers, etc.

La stratégie est simple : les forces de l’ordre entrent dans une cité, interpellent les suspects et arrêtent les coupables. Puis on enlève les carcasses de voitures brûlées, on repeint les cages d’escalier et on rétablit la lumière. Interviennent ensuite les services sociaux et les associations d’insertion. Il faudra maintenir longtemps cette pression et réussir la réhabilitation des quartiers pour que ce retour à la normale survive à une réduction du déploiement policier. Il faudra aussi que les élites locales, de Jean-Noël Guérini, le président socialiste du conseil général mis en examen pour association de malfaiteurs, à la députée Sylvie Andrieux, socialiste elle aussi, citée en correctionnelle pour détournement de fonds publics, cessent de donner le mauvais exemple.

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