Aqmi : Djamel Okacha, un émir très discret
C’est Djamel Okacha, déjà numéro un au Sahara d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui prend la succession d’Abou Zeid, tué en février dans le Nord-Mali.
La barbe, il la porte épaisse et noire, à la manière des salafistes. Moins connu que les autres émirs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), moins médiatique qu’Abou Zeid, qu’il s’apprête à remplacer à la tête de la katiba Tariq Ibn Ziyad, Djamel Okacha n’en est pas moins une figure de l’internationale jihadiste. Un homme dont le parcours a été jalonné de « faits d’armes », l’un de ceux qui peuvent revendiquer une vraie proximité avec Abdelmalek Droukdel, le grand patron d’Aqmi.
Algérien comme lui (il est né le 9 mai 1978, près de Reghaïa, à l’est d’Alger), Okacha apparaît aux côtés de Droukdel en 1998 lors de la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Trop jeune pour avoir connu l’Afghanistan, il a intégré le Groupe islamique armé (GIA) un an plus tôt, en 1997. Il gagne ses lettres de combattant lorsqu’il est arrêté, en 1998. A-t-il bénéficié d’une loi d’amnistie ? Sans doute, car il est libéré en 2000, après dix-huit mois passés en prison. C’est à ce moment-là qu’il rejoint officiellement le GSPC.
Les premières années, Okacha « sévit » dans le nord-est de l’Algérie, en zone 2 selon la terminologie jihadiste. Yahya Abou al-Hammam, de son nom de guerre, ne migrera vers le sud qu’à partir de 2003. Légèrement infirme de naissance (il boite de la jambe droite), il cultive son image d’homme pieux mais habile sur le terrain, bon tireur et bon conducteur. Placé sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, il participe notamment à l’attaque du poste militaire de Lemgheity, en Mauritanie, le 4 juin 2005. Mais bientôt, ses relations avec « Mister Marlboro » se tendent et, en 2008, Okacha rallie Abou Zeid, jusqu’à ce qu’un désaccord sur la manière dont il convient de traiter les otages, survenu quelques mois plus tard, ne le pousse de nouveau à s’éloigner.
Attentat-suicide
Le temps passe et le jihadiste multiplie les faits d’armes. La mort de Christopher Leggett, un humanitaire américain soupçonné de prosélytisme chrétien et assassiné en plein Nouakchott en juin 2009 ? C’est probablement lui. L’attentat-suicide perpétré contre l’ambassade de France en Mauritanie, en août de la même année ? C’est encore lui. Promu au sein du comité chargé de l’achat et de la gestion des armes (un poste stratégique), Okacha poursuit son ascension tout en conservant des relations correctes avec Abou Zeid et Belmokhtar – aux côtés duquel ses hommes et lui pénètrent, au tout début d’avril 2012, dans la ville de Tombouctou, dont il est nommé « gouverneur ».
Le 3 octobre 2012, Droukdel lui confie la charge de l’émirat du Sahara, en remplacement de Nabil Makhloufi, tué dans un accident de voiture le 9 septembre. Belmokhtar et Abou Zeid sont désormais placés sous son commandement. Comment expliquer alors que ce soit lui qui, fin mars, ait été choisi pour succéder à ce dernier, mort sous les bombes françaises dans l’Adrar des Ifoghas fin février ? Sans doute s’agit-il d’un intérim à durée indéterminée plutôt que d’une véritable succession. Il n’y a donc pas, pour l’intéressé, de rétrogradation. Toutefois, ce « bricolage » témoigne d’une situation difficile pour Aqmi, et si Okacha veut commander efficacement sur le terrain, il devra se montrer davantage… Il sera donc plus vulnérable.
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