Tunisie : l’audition de Rached Ghannouchi reportée

Le chef d’Ennahdha était convoqué le 19 septembre, comme l’ex-Premier ministre Ali Larayedh, pour l’affaire dite de « l’expédition de jihadistes » en Syrie et en Irak. L’Unité nationale de recherche dans les crimes terroristes a décidé de reporter son audition au lendemain.

Rached Ghannouchi à son arrivée au tribunal de Tunis, le 19 juillet 2022. © Jihed Abidellaoui/REUTERS

Publié le 20 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

« Après plus de douze heures d’attente, monsieur Ghannouchi n’a pas été entendu par l’Unité [nationale de recherche dans les crimes terroristes], qui a décidé de reporter l’interrogatoire [au] mardi [20 septembre] à midi », a indiqué son avocat, Samir Dilou. L’ex-Premier ministre Ali Larayedh, l’un des dirigeants d’Ennahdha, qui a été interrogé « durant des heures », est encore maintenu par l’Unité de recherche dans les crimes terroristes, selon Me Dilou. Dans un communiqué publié dans la nuit du 19 au 20 septembre, le parti Ennahdha a dénoncé « les conditions d’un interrogatoire […] qui représentent une violation flagrante contre les droits de l’homme ».

Après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, des milliers de Tunisiens avaient rejoint les rangs d’organisations jihadistes, notamment le groupe État islamique (EI), en Irak, en Syrie et en Libye. Le parti Ennahdha, pilier des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011, est soupçonné par ses détracteurs et une partie de la classe politique d’avoir facilité le départ de ces jihadistes vers les zones de conflit, ce que le mouvement dément catégoriquement.

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Bête noire de Kaïs Saïed

L’affaire dite de « l’expédition de jihadistes », qui fut au cœur du débat politique pendant des années, a refait surface ces dernières semaines en Tunisie, où le président Kaïs Saïed, dont Ennahdha est la bête noire, a considérablement renforcé sa tutelle sur la justice après s’être arrogé les pleins pouvoirs en 2021. Kaïs Saïed avait alors limogé le gouvernement et dissous le Parlement, dominé par Ennahdha, avant de faire adopter, en juillet dernier, lors d’un référendum largement boycotté par la population, une nouvelle Constitution instaurant un système hyperprésidentiel qualifié d’autocratique par l’opposition.

Rached Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissous par Kaïs Saïed, avait déjà été interrogé en juillet dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent liés à des transferts depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha. Le parti a mis en garde, dans un communiqué publié le 18 septembre, contre les « tentatives du pouvoir putschiste d’instrumentaliser la justice pour ternir ses opposants et les impliquer dans des affaires fabriquées » et a affirmé que l’audition des dirigeants d’Ennahdha était « une diversion visant à détourner l’opinion publique des préoccupations économiques et sociales et de la dégradation des conditions de vie ».

(Avec AFP)

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