Sénégal : Barthélémy Dias ne retournera pas en prison
Le tribunal de Dakar a confirmé ce mercredi 21 septembre la condamnation du maire de la capitale sénégalaise à deux ans de prison, dont six mois fermes, pour le meurtre de Ndiaga Diouf, en 2011. Un verdict qui met un point final à une affaire judiciaire vieille de plus de dix ans.
Le maire de Dakar est enfin débarrassé de la menace judiciaire qui pesait sur lui depuis des années. Le délibéré de son procès en appel a été rendu, ce 21 septembre à 9 heures, au tribunal de Dakar et le jugement prononcé en première instance a été confirmé par la justice, alors que le parquet avait requis cinq ans de prison le 2 mars dernier. La partie civile, qui réclamait 150 millions de francs CFA (près de 229 000 euros) de dommages et intérêts, a quant à elle été déboutée.
Jugé coupable, le 16 février 2017, de « coups mortels » contre un jeune militant du Parti démocratique sénégalais (PDS), Barthélémy Dias avait lui-même décidé de faire appel du jugement, alors que sa détention provisoire avait couvert sa peine de prison ferme. Interrogé par Jeune Afrique sur ce pourvoi, il s’était ainsi justifié : « Vous connaissez un pays sérieux où l’on condamne quelqu’un à six mois de détention pour un meurtre ? Si j’avais été condamné à un seul jour de prison, je l’aurais contesté. »
Attaque de la mairie
Avec ce délibéré, le député-maire de Dakar se retrouve donc définitivement libéré d’une affaire qui remonte au 22 décembre 2011. Ce jour-là, un jeune homme du nom de Ndiaga Diouf avait été tué par balles lors de l’attaque de la mairie Mermoz Sacré-Cœur, que dirigeait Barthélémy Dias. Ce dernier avait toujours nié avoir tiré les coups de feu mortels et avait déclaré avoir « lutté pour sa vie ».
Une tentative du pouvoir visant à l’éliminer du jeu politique
Après de longues années de statu quo, l’affaire avait été relancée dans le courant de l’année 2021, peu après que le responsable politique a annoncé à sa candidature à la mairie de Dakar. Ses partisans y avaient alors vu une tentative du pouvoir visant à l’éliminer du jeu politique. Les différentes audiences auxquelles avait été convoqué l’accusé avaient alors donné lieu à des scènes de violence dans les rues de Dakar, et même conduit à son interpellation ainsi qu’à celle des opposants Ousmane Sonko et Malick Gakou.
Chapitre clos ?
Les 52 députés de sa coalition, Yewwi Askan Wi (YAW), avaient annoncé vouloir se rendre au tribunal, ce mercredi, pour le soutenir. Mais ni le maire de Dakar ni ses alliés n’étaient finalement présents au tribunal de Dakar. Comme le procès en appel, tenu au cours d’une audience expresse en mars dernier, ce délibéré final aura été rendu rapidement et dans le calme.
Nous estimons que le maire a été victime d’une injustice
L’adjoint de Barthélémy Dias à la mairie de Dakar, Bassirou Samb, qui est également membre de YAW, s’est néanmoins exprimé sur le verdict. « Il est temps de cesser l’instrumentalisation de la justice et de protéger nos institutions et leurs représentants, a-t-il martelé. Nous ne sommes pas soulagés, car nous estimons que le maire a été victime d’une injustice. Avec cette condamnation, on donne l’opportunité à n’importe quel agresseur d’aller s’attaquer à un maire, un député, voire même au président ! » Le député-maire peut maintenant choisir de porter l’affaire devant la Cour de cassation. Mais ni lui ni son entourage n’a pour l’instant évoqué cette possibilité.
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