Maroc-Algérie : qui va remporter la bataille des gazoducs ?
Longtemps jugés irréalisables, deux mégaprojets en partance du Nigeria se présentent comme la meilleure alternative au gaz russe pour l’Europe. Décryptage en infographies.
Publié le 23 septembre 2022 Lecture : 4 minutes.
L’INFOGRAPHIE – L’un est porté par le Maroc, l’autre par l’Algérie. Chacun partira du Nigeria, partie prenante des deux projets, pour rejoindre l’Europe : le Nigeria Morocco Gas Pipeline (NMGP) via la côte ouest-africaine, le Nigeria-Niger-Algérie (Nigal) – ou « Transsaharien » (TSGP) – par le Sahel. Stratégiques sur le plan économique dans un contexte de redistribution des cartes sur le marché de l’énergie – et du gaz en particulier –, ces deux projets concurrents alimentent aussi la compétition entre Rabat et Alger.
Complexes, immenses, très coûteux… Ils ont longtemps été jugés irréalisables, mais pourraient bien bénéficier de la crise énergétique qu’a provoquée l’invasion russe de l’Ukraine. Le Maroc, l’Algérie et le Nigeria se sont, en tout cas, empressés de se positionner comme représentant la meilleure alternative pour approvisionner l’Europe en gaz, au moment où cette dernière vient de renoncer à son principal fournisseur, la Russie.
Des promesses d’investissements à la traîne
Depuis la décision européenne, les annonces se succèdent. Le 15 septembre, l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (Onhym), la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC, compagnie nationale nigériane) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont signé un protocole d’accord pour le NMGP. Cette signature intervient trois mois après le feu vert d’Abuja, au mois de juin. Le 28 juillet, c’est l’Algérie, le Nigeria et le Niger qui signaient un mémorandum d’entente et de concrétisation, après un premier accord en février.
À Rabat, la présidente de l’Onhym, Amina Benkhadra, évoque des contacts avec les Européens. À Abuja, le ministre du Pétrole, Timipre Sylva, affirme que les Russes sont intéressés. Le 18 juillet, l’ambassadeur nigérian à Moscou, Abdullahi Shehu, va même jusqu’à annoncer que la société russe United Metallurgical Company est déjà associée au financement du projet, ce que l’entreprise dément dans la foulée. Pourtant, hormis les 45 millions de dollars proposés par la Banque islamique de développement et les 13 millions par le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour le développement international (Fodi) afin de financer une partie de l’étude d’ingénierie préliminaire (Feed, phase II) à la faveur du gazoduc Nigeria-Maroc, les promesses d’investissements se font attendre…
Ces gazoducs peuvent-ils réellement se substituer à la demande russe ? Lequel des deux a le plus de chance de sortir de terre ? Qui aurait intérêt à les financer ? Décryptage en infographies.