RDC-Rwanda, Côte d’Ivoire-Mali… Des médiations dans les coulisses de l’ONU
Les chefs d’État et de gouvernement du monde entier sont réunis cette semaine à New York, où se tient la 77e Assemblée générale de l’ONU. Les dossiers les plus brûlants du moment y font l’objet d’intenses médiations.
Aux Nations unies, il y a les grandes déclarations et les petits apartés. Paradoxalement, les seconds sont souvent plus stratégiques que les premières.
Du côté des grandes déclarations, ce 21 septembre, le ballet millimétré des chefs d’État s’est poursuivi à la tribune. Après le Gabonais Ali Bongo Ondimba, dont l’intervention était scrutée de près après la propagation de rumeurs selon lesquelles il aurait fait un malaise, ou encore le Kenyan nouvellement élu William Ruto, l’Ivoirien Alassane Ouattara a pris la parole.
Sommet de crise de la Cedeao
Il a appelé à la « libération sans délai » des 46 soldats ivoiriens « injustement détenus » par le Mali. « [Ils sont] déployés en qualité de 8e détachement de l’Élément de soutien national au sein de la Minusma [Mission des Nations unies au Mali] », a-t-il martelé, en réponse à Bamako qui les accuse d’être des mercenaires venus pour déstabiliser le pays.
Alors que depuis deux mois et demi les négociations patinent, Alassane Ouattara est venu à New York dans l’espoir de voir la pression s’accentuer, et les pourparlers s’accélérer. Après avoir diné, le 20 septembre, avec son homologue français Emmanuel Macron, il devait rencontrer le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le lendemain, avant que ne se tienne, le 21 septembre un sommet de la Cedeao convoqué en urgence par le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló.
Nouvelles sanctions ?
Alassane Ouattara va-t-il appeler à de nouvelles sanctions pour faire plier Bamako ? Si le Mali, dont la délégation à New York est conduite par Abdoulaye Maïga, ne devrait pas être convié à cette réunion de crise, il doit faire entendre sa voix à peu près au même moment. Le Premier ministre malien par intérim est annoncé à la tribune des Nations unies, et doit lui aussi s’entretenir avec Antonio Guterres.
Des discussions qui se tiennent loin de Bamako, où Assimi Goïta a reçu ce 21 septembre, pour sa première visite à l’étranger son homologue guinéen, Mamadi Doumbouya, lui aussi sous la menace de nouvelles sanctions ouest-africaines.
Kagame et Tshisekedi autour de Macron
Quelques heures avant Alassane Ouattara, c’est le Rwandais Paul Kagame qui s’était exprimé devant ses pairs réunis à New York. « Il est urgent qu’il y ait la volonté politique de s’attaquer enfin aux causes profondes de l’instabilité dans l’est de la RDC. Le jeu des reproches ne résout pas les problèmes », a-t-il déclaré.
Une réponse aux accusations formulées par Félix Tshisekedi la veille. « L’implication du Rwanda et sa responsabilité dans la tragédie que viventt mon pays et mes compatriotes des zones occupées par l’armée rwandaise et ses alliés du M23, ne sont plus discutables », avait-il martelé, en quête de soutiens internationaux plus évidents.
Mais à côté de ces prises de parole musclées, les médiations pour tenter de trouver une issue à la crise qui oppose les deux voisins se sont accélérées. Dans l’après-midi de ce 21 septembre, les deux chefs d’État se sont réunis durant une petite heure autour d’Emmanuel Macron – une réunion remarquable alors que les deux voisins n’ont plus de contact direct.
Accolade entre premières dames
Selon un communiqué de l’Élysée, le Rwanda et la RDC « sont convenus d’agir de concert pour obtenir au plus vite l’application des dispositions du processus de Luanda, le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants hors de la zone de Bunagana.»
Paris semble désormais vouloir jouer un rôle d’entremetteur de premier plan dans le conflit. Comme le révélait Jeune Afrique, plus tôt cette semaine, les responsables des services de renseignement congolais, rwandais et ougandais s’étaient retrouvés à Paris, à l’initiative de la Direction générale des renseignements extérieurs de la France (DGSE).
Enfin, ce 21 septembre, une rencontre d’un autre ordre a suscité des commentaires à New York : celles des premières dames congolaise et rwandaise. Denise Nyakeru Tshisekedi et Jeanette Kagame ont été photographiées tout sourire, se laissant aller à une franche accolade.
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