Burkina Faso : Luc Adolphe Tiao a eu chaud
En visite à l’université de Ouagadougou le 18 mars, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a fait les frais de la fureur des étudiants.
Bombardé à la primature le 18 avril 2011 dans un contexte d’agitation sociale et de mutineries militaires, Luc Adolphe Tiao avait jusqu’à présent évité les écueils. Mais à l’approche du deuxième anniversaire de sa nomination, il a vécu sa première anicroche sérieuse.
Le 18 mars, sa visite à l’université de Ouagadougou, au cours de laquelle il devait annoncer plusieurs mesures, a tourné court. Dans un amphi surchauffé, il n’a pu lire son discours jusqu’au bout. À la sortie, son cortège a été caillassé par des dizaines d’étudiants qui ont par la suite barré et incendié l’avenue menant à l’université. « Le Premier ministre a eu très chaud. Cela aurait pu être bien plus grave », témoigne un enseignant, qui se demande pourquoi Tiao a tenu à ce déplacement « alors que la colère gronde depuis trop longtemps chez les étudiants ».
Depuis, le principal syndicat estudiantin, l’Association nationale des étudiants burkinabè (Aneb), a formulé une longue liste de revendications. L’Aneb dénonce « un chaos généralisé » au sein de l’université. Chaos que reconnaissent les autorités. Depuis des années, elle manque de tout (de places dans les amphis, d’enseignants, de chambres universitaires, de repas), et les étudiants vivent dans des conditions précaires. « Cela fait longtemps qu’on nous promet des bourses, mais on ne voit rien venir », déplore Victor, un étudiant en lettres.
Avertissement
Dans les sphères du pouvoir on admet qu’il s’agit d’un avertissement sérieux. L’histoire du Burkina est marquée par les révoltes estudiantines. En 2011, c’est la jeunesse qui avait mis le feu aux poudres en représailles à la mort d’un lycéen. En 2008, une grève des étudiants, violemment réprimée, avait poussé les autorités à suspendre les cours pendant deux mois.
Jusque-là relativement apaisé, le climat social pourrait en outre se dégrader dans les prochaines semaines. Une grève a été décrétée dans le secteur de la santé. Dans l’éducation, elle est également envisagée. « Les travailleurs sont exaspérés. Ils poussent fort pour aller à la grève générale », prévient Sagado Nacanabo, le secrétaire général de la CGT Burkina.
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