Jordanie : Abdallah II, un buzz royal

Dans un entretien avec un journaliste américain, le roi de Jordanie Abdallah II donne son avis sur son entourage, sa famille, les dirigeants des pays voisins, la diplomatie américaine… Décapant.

Le souverain héchémite Abdallah II, en mars. © Youssef allan/AP/Sipa

Le souverain héchémite Abdallah II, en mars. © Youssef allan/AP/Sipa

Publié le 28 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Le roi Abdallah II de Jordanie est un habitué des médias. Ses interviews et ses livres sont si nombreux qu’on avait fini par s’en lasser. Jusqu’à ce très long portrait que lui consacre la revue américaine The Atlantic, à la veille de la visite que devait lui rendre le président Barack Obama. L’auteur, Jeffrey Goldberg, connaît le souverain hachémite depuis quinze ans, et une certaine complicité s’est instaurée entre eux. L’article commence d’ailleurs par le récit d’une virée commune dans un hélicoptère piloté par Abdallah en personne.

Ce qui frappe dans cette interview, c’est la franchise du roi, totalement inédite. Apparemment, Sa Majesté s’estime bien mal entourée. Par les chefs tribaux, que le souverain compare à des « dinosaures » ; par ses services de renseignements, qui bloquent ses tentatives de réformer la représentation des Palestiniens de Jordanie ; par les Frères musulmans, ses principaux opposants, qu’il dépeint comme des « loups grimés en agneaux » se livrant à un « culte maçonnique » ; par les membres de sa famille, à qui il a fait part, après dix ans de règne, de son désir d’abdiquer et qui ont refusé pour conserver tous les avantages liés à leur statut de « princes détachés de la politique », et pour qui il est donc « plus facile d’être partisans d’une monarchie absolue ».

Le Turc Erdogan ? un faux démocrate. L’ÂÉgyptien Morsi ? Un type sans envergure. Le Syrien Assad ? Un provincial.

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Les dirigeants de la région ne trouvent pas davantage grâce à ses yeux. Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, qui a dit : « La démocratie est un trajet de bus : "une fois arrivé, je descends" » ; le président égyptien Mohamed Morsi, « un type sans envergure » ; son homologue syrien, Bachar al-Assad, un « provincial », qui ne « connaît pas le sens du mot jetlag ». Même les diplomates américains en prennent pour leur grade : « Quand vous allez au département d’État [pour parler des islamistes], ils ont l’air de dire : "Ça, c’est le point vue des libéraux" ». Et il s’étrangle de constater que, pour certains Occidentaux, « le seul chemin menant à la démocratie passe par les Frères musulmans ».

De mémoire d’orientaliste, jamais chef d’État ne s’était à ce point livré, face un journaliste, occidental et juif de surcroît. Le souverain hachémite a-t-il sous-estimé la portée de ses propos ? Un communiqué de la Maison royale a tenté de prendre ses distances avec les analyses que Jeffrey Goldberg tire des propos d’Abdallah, qu’elle qualifie de « parfois imprécises et infidèles ». Mais le mal (ou le coup de com ?) est fait.

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