Brésil : Marina la Verte
Marina Silva, l’ancienne ministre de l’Environnement de Lula, a deux atouts en vue des législatives de l’an prochain. Un : elle est d’origine africaine. Deux : elle est l’écologiste la plus célèbre du pays.
En 2010, contre toute attente, Marina Silva avait recueilli 20 millions de voix au 1er tour de l’élection présidentielle sous la bannière du Parti vert. Quatre ans plus tard, elle pourrait récidiver, cette fois en tant que leader du mouvement Réseau durable, dont elle a annoncé la création le 16 février. Tour à tour défenseure de la forêt amazonienne, sénatrice et ministre de l’Environnement de Luiz Inácio Lula da Silva, elle est aujourd’hui l’écologiste la plus célèbre du Brésil.
Entre 2004 et 2007, elle a fait diminuer la déforestation de 59 %, créé des zones protégées pour les populations indigènes et retardé l’octroi de permis à nombre de projets insuffisamment soucieux de l’environnement, ce qui ne lui a pas valu que des amis chez les chefs d’entreprise. De la même façon, elle s’est montrée très hostile aux barrages hydroélectriques, aux agrocarburants et aux cultures génétiquement modifiées… Mais à trop tirer sur la corde, celle-ci a fini par rompre…
Camouflet
En 2008, Lula la lâche et nomme Roberto Mangabeira Unger ministre des Affaires stratégiques et coordinateur de l’initiative Amazonie Développement durable. Un véritable camouflet auquel Marina Silva réagit sans tarder : elle démissionne du gouvernement, quitte le Parti des travailleurs (PT) et rejoint les Verts.
Née en 1958 dans une famille de seringueiros (récoltants de caoutchouc) de Rio Branco, dans l’État amazonien de l’Acre, analphabète jusqu’à l’âge de 16 ans, puis professeure d’histoire, elle est l’une des rares personnalités politiques d’origine afro-brésilienne et jouit d’une solide réputation d’intégrité et de ténacité. Depuis la fin des années 1980, elle est l’unique élue de gauche à Rio Branco et dénonce, en s’y incluant, les privilèges dont bénéficient les politiques.
Le PT étant rattrapé par divers scandales de corruption (vingt-cinq responsables politiques et hommes d’affaires ont déjà été condamnés dans le cadre du procès du mensalão), Marina Silva se pose en alternative. Ni de droite ni de gauche, elle n’entend ni rallier l’opposition ni s’allier à Dilma Rousseff. Elle promet la transparence, notamment en matière de financement des partis (limitation du montant des dons, publication des comptes de campagne), et souhaite mettre en place des quotas au profit des Noirs et des indigènes. Dotée d’un grand charisme, elle séduit nombre de déçus du PT. Son principal handicap ? Beaucoup de Brésiliens considèrent que ses positions radicales en matière d’écologie constituent un frein au développement.
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