Corée du Nord : à quoi joue Kim Jong-un ?

Il multiplie les provocations à l’égard de la Corée du Sud et des États-Unis. Simples gesticulations ou vrai risque de conflit ?

Kim Jong-un, lunettes braquées vers le sud, pour une photo de propagande. © AFP

Kim Jong-un, lunettes braquées vers le sud, pour une photo de propagande. © AFP

Publié le 22 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

« Nous avons peur. Les autorités nous ont dit de ne pas céder à la panique, qu’il y avait des abris pour tout le monde, mais quand même… » Choi Pak-sun (75 ans) habite Baengnyeong, 5 000 habitants, une île de Corée du Sud que, le 11 mars, le régime de Pyongyang a désigné comme sa première cible en cas de frappe nucléaire.

Les instructions de Kim Jong-un à son armée font froid dans le dos : « Une fois l’ordre donné, vous briserez les reins des ennemis déments, vous leur trancherez la gorge, et ainsi vous leur montrerez ce qu’est une vraie guerre ! » Mme Choi est habituée au danger : située sur la Northern Limit Line (prolongement maritime de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, le long du 38e parallèle), la région où elle habite a été plusieurs fois le théâtre d’affrontements meurtriers au cours des dernières années : du naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, en mars 2010, au bombardement de l’île de Yeonpyeong, en novembre de la même année. Mais cette fois, tout est différent : « Kim Jong-il, explique-t-elle, on finissait par bien le connaître, mais son fils, on ne sait pas comment il peut réagir ! »

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Jamais en effet depuis la fin de la guerre de Corée, en 1953, le spectre d’un nouveau conflit n’a paru aussi proche. Tout a commencé en décembre 2012 par un essai de missile à longue portée, suivi, à la mi-février, par un test nucléaire, puis par des menaces de frappes préventives contre les États-Unis en réponse aux sanctions onusiennes. Des menaces aussi précises et directes… c’était sans précédent. Et l’escalade s’est poursuivie. Il y a d’abord eu l’annonce que Pyongyang ne reconnaissait plus l’armistice de 1953. Puis, le 12 mars, la coupure du « téléphone rouge » censé permettre aux frères ennemis d’éviter tout affrontement.

Poker menteur

L’enjeu de ces dangereuses gesticulations est double. Tout autant qu’à la communauté internationale, Kim Jong-un adresse un message à son propre peuple, qu’il lui faut absolument, un an après la disparition de Kim Jong-il, galvaniser derrière un projet commun : la défense de la nation contre l’impérialisme américain. Alors, partie de poker menteur ou danger réel ? Sans une intervention directe auprès de lui de la Chine (probable) ou des États-Unis (improbable), Kim Jong-un n’aura sans doute pas d’autre choix que de provoquer un incident assez grave pour ne pas perdre la face. Mais pas trop, pour ne pas risquer une guerre totale qui déboucherait inévitablement sur l’anéantissement de son pays. L’équilibre est délicat. 

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