Burkina Faso : Marin Ilboudo, discrétion assurée

Son prédécesseur, Simon Compaoré, a souvent suscité la controverse. Le nouveau maire de Ouagadougou devrait imposer un style plus consensuel. Un atout pour faire avancer les nombreux chantiers en suspens ?

Pour l’opposition, Ilboudo est un « moindre mal ». © DR

Pour l’opposition, Ilboudo est un « moindre mal ». © DR

Publié le 18 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Il était pressenti. Mais bien moins que le premier adjoint au maire sortant, Jean-Christophe Ilboudo, qui partage avec lui le même patronyme. Élu le 11 mars à la tête de la municipalité de Ouagadougou par 167 voix sur 239, Marin Casimir Ilboudo, 55 ans, avait jusqu’ici assis sa réputation sur la gestion discrète de la mairie d’arrondissement de Baskuy (centre-ville). Un tempérament posé qui a sans doute convaincu la direction du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir, de désigner un candidat en rupture avec son bouillant prédécesseur, Simon Compaoré.

À l’annonce de sa retraite, il fallait organiser la succession de celui qui a marqué la capitale burkinabè de son empreinte pendant dix-sept années, au point qu’elle est parfois appelée « Simonville ». Un personnage controversé et populaire à la fois, dont les Ouagalais reconnaissent qu’il a transformé leur cité sans pour autant approuver toutes ses mesures, qu’ils ont quelquefois rejetées violemment.

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Dialogue

Conscient qu’il n’échappera pas à la comparaison, le nouveau locataire de l’hôtel de ville a tenu à se singulariser sitôt élu : « Moi, je ne suis pas Simon Compaoré, je suis Marin Ilboudo, avec une autre équipe qui aura ses méthodes », s’est-il empressé d’annoncer, tout sourire.

Affectionnant le boubou dagara comme le précédent maire, cet homme au visage affable se distingue par son parcours atypique.

Affectionnant le boubou dagara comme le précédent maire, cet homme au visage affable se distingue par son parcours atypique. « Journaliste révolutionnaire » au quotidien gouvernemental Sidwaya de 1986 à 1988, il a d’abord été professeur d’anglais. Nommé haut-commissaire de la province du Poni (Sud-Ouest) de 1988 à 1991, il est élu conseiller municipal de Ouagadougou en 1995, avant de devenir maire de l’arrondissement de Baskuy deux ans plus tard. Il sera régulièrement reconduit à ce poste jusqu’à ce qu’il brigue la fonction de premier magistrat de la commune. « Marin est quelqu’un de très humble et efficace, il représente une nouvelle époque », témoigne le député Ollo Anicet Pooda, membre du secrétariat exécutif national du CDP, qui est certainement dans le secret de sa désignation par le CDP comme candidat à la mairie. « Il communique et dialogue beaucoup, il continuera les chantiers inachevés avec sa façon de faire », assure-t-il.

Nombreux défis

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« C’était le moindre mal, il ne traîne aucune casserole », observe pour sa part un élu de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), deuxième force politique du pays, rivale du CDP. « Il pourra avoir les voix des conseillers de l’opposition sur les mesures répondant aux besoins locaux légitimes. Nous n’allons pas nous perdre en débats politiques sur ces questions. »

Pour l’édile, les défis sont nombreux. Marin Ilboudo est déjà attendu par les populations mal loties sur la grande question des parcelles, dont l’attribution relève, il est vrai, plus directement des douze mairies d’arrondissement. « Je ne vais pas réinventer la roue, a déclaré le bourgmestre, les préoccupations de la commune sont bien connues. Il s’agit des problèmes de voirie, de lotissement, d’assainissement, de circulation et de sécurité. » Organisés en syndicat, les commerçants espèrent un interlocuteur plus malléable. Les gérants de parking de la ville, quant à eux, attendent que l’augmentation du prix de leurs services soit confirmée.

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Le 12 mars, en recevant les clés de la ville, le nouveau maire a voulu rassurer l’assistance : « Nous ajouterons de la terre à la terre », a-t-il affirmé, pour signifier que son équipe ferait plus que la précédente. Il aurait pu simplement leur rappeler la devise de la capitale : « Ouagadougou, n’aie pas peur de l’avenir. » 

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