Tchad : la chanteuse Mounira Mitchala en quête d’indépendance

Couronnée meilleure artiste féminine d’Afrique centrale aux Kora Awards 2012, la chanteuse Mounira Mitchala souhaite se faire mieux connaître sur le reste du continent.

La « panthère douce de N’Djamena » s’est déjà produite au côté du Sénégalais Ismaël Lô. © Vincent Fournier/J.A.

La « panthère douce de N’Djamena » s’est déjà produite au côté du Sénégalais Ismaël Lô. © Vincent Fournier/J.A.

Madjiasra Nako

Publié le 26 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

La voix douce et légèrement grave à la fois s’élève quand on lui demande pourquoi elle appelle à l’indépendance des femmes dans sa chanson « Chili Houritki ». Mounira Khalil Alio, 33 ans et deux trophées internationaux, martèle la table de l’index, comme pour se montrer plus convaincante : « Je souhaite qu’on s’affranchisse d’une vision qui compare l’homme à la femme. Dieu nous a créés complémentaires, les Africaines doivent s’affirmer tout en sachant qu’elles sont femmes. »

Greffière au ministère tchadien de la Justice, à N’Djamena, la jeune chanteuse a surtout développé ses dons à l’étranger. Repérée en 2005 par le DJ et producteur français Frédéric Galliano, elle parcourt l’Asie, l’Europe et l’Amérique dans le cadre du projet African Divas, qui combine voix féminines du continent et musique électronique. Ismaël Lô, au côté duquel elle se produit sur scène, assure qu’« elle a beaucoup de talents [et que] l’avenir lui appartient ». Et l’avenir lui donnera raison.

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Coup de maître

En 2007, Talou Lena (« unissons-nous » en arabe tchadien), son premier album, arrive dans les bacs. C’est aussi l’année de son premier trophée, le prix Découvertes RFI, qui lui est attribué à Conakry, en Guinée. Le président du jury n’est autre que le célèbre Malien Salif Keita.

Talou Lena (2007), son premier album, lui vaut un prix Découvertes RFI.

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Une reconnaissance qui accroît bien entendu sa notoriété. Entre 2007 et 2012, elle enchaîne les tournées. Pour des raisons de logistique, elle compose deux équipes de musiciens. L’une est basée à Paris, l’autre à N’Djamena. Elle trouve aussi le temps de passer en studio pour préparer un deuxième album. Chili Houritki, qui sort cinq ans après son premier opus, est également un coup de maître. Il permet à Mounira de devenir la première musicienne tchadienne distinguée aux Kora Awards, en décembre 2012 à Abidjan. « Je suis contente de ce que j’ai réalisé jusque-là. J’aime le travail bien fait. C’est pourquoi je prends mon temps. Et le résultat est là. Deux albums, deux distinctions internationales. C’est gratifiant ! » se réjouit Mounira.

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Chili Houritki, primé aux Kora Awards (meilleure artiste féminine de l’année).

Le retour a été triomphal. Bain de foule dans la capitale tchadienne, audience à la présidence de la République… Mais il n’a pas suffi à faire oublier les difficultés rencontrées pour organiser le concert de lancement de l’album. « Il est en vente en France depuis un an, mais je voudrais qu’il sorte officiellement ici, parce qu’il faut que le public tchadien – et africain – me découvre davantage », insiste la chanteuse, qui ne cache pas son envie de créer une maison de production. « Ayant grandi à l’étranger et à N’Djamena, j’ai très peu connu le Tchad profond. Je veux le parcourir, aller à la rencontre de ses habitants, leur montrer ce que je fais pour le pays. J’ai aussi des projets pour les femmes fistuleuses que j’ai à coeur d’aider à sortir de leur situation. » Pour qu’elles s’affirment et prennent leur indépendance… 

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