Tchad : Toukra essuie les plâtres

Il devenait urgent d’agrandir l’université de N’Djamena. C’est chose faite, avec ce campus qui a accueilli ses premiers étudiants en septembre. Mais entre soucis logistiques et capacité limitée, c’est la galère.

Des étudiants dans le nouveau campus de Toukra. © DR

Des étudiants dans le nouveau campus de Toukra. © DR

Publié le 1 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Au beau milieu d’une étendue désertique et broussailleuse, le nouveau campus de Toukra trône, immaculé, comme sorti des sables. À 15 km au sud de N’Djamena, surplombant les villages alentour, il prend de surprenantes allures de petite ville. Inauguré en décembre 2011 par le président, Idriss Déby Itno, le site a été aménagé sur 60 000 m2, avec un budget d’environ 60 millions de F CFA (92 000 euros). Deux facultés y ont ouvert leurs portes pour la rentrée scolaire de septembre 2012 – celle des langues, arts, lettres et communication et celle des sciences humaines et sociales – et accueillent déjà 7 000 étudiants. Chacun d’entre eux a dû débourser 22 000 F CFA pour l’année. Les cours sont dispensés en arabe et en français, avec une option anglais pour la faculté des sciences humaines et sociales.

« Bientôt, des parcelles de terrain seront allouées aux membres du personnel administratif et technique, qui résideront sur le campus. Le rectorat viendra également s’y implanter, explique Mahamat Saleh Ali, chef du service des relations publiques de l’établissement. À terme, cette université sera la plus grande du Tchad. » L’une des plus modernes de la sous-région, aussi, avec sa supérette, son restaurant et sa résidence destinée aux étudiants. Quelque 2 000 d’entre eux (majoritairement originaires de province) pourront en effet loger sur place, une fois les travaux de sécurisation du site achevés. Pour le moment, des dizaines de cars bleus font quotidiennement la navette avec N’Djamena.

la suite après cette publicité

Trop exiguës

Mais si ces perspectives paraissent séduisantes, la situation actuelle est plus contrastée. Dans le dédale des couloirs de la faculté des sciences humaines et sociales (qui compte cinq départements), Aldaradja al-Anaf Arabi, 24 ans, attend avec une amie le début de son cours. Cette étudiante en géographie arabe, qui se rêve enseignante, se dit « très contente » du nouveau campus, mais elle tient à émettre quelques réserves : « Il n’y a encore ni eau ni électricité et les salles sont bien trop exiguës. » Des revendications partagées par certains membres du personnel administratif et par nombre d’autres étudiants comme Nissouabe Emmanuel Ouaneuh, 24 ans, en première année d’histoire : « Les toilettes ne fonctionnent même pas ! » Tous vont devoir s’armer de patience. Le groupe électrogène ainsi que le château d’eau sont encore en cours d’installation.

Quant à la capacité d’accueil, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les deux facultés actuelles disposent chacune de 22 salles de 18 à 35 places, ainsi que d’un amphithéâtre de 300 places. C’est peu lorsque l’on sait qu’elles comptent 3 500 étudiants chacune… Alors, les cours ont lieu par rotation.

« Le problème, c’est que l’ensemble des dossiers présentés ont été retenus, explique-t-on du côté de l’administration. Aucun critère de sélection n’a été établi et, techniquement, nous ne sommes pas en mesure d’accueillir tant d’étudiants, d’autant que nous manquons d’enseignants. » Or d’ici à 2018, 12 000 étudiants devraient être inscrits à Toukra. Ces problèmes de logistique et de capacité d’accueil devront donc être résolus. Quatre autres facultés – actuellement implantées sur les sites d’Ardep-Djoumal et de Farcha (lire ci-contre) – y seront en effet transférées, à raison de deux tous les deux ans. À terme, seule la faculté de médecine restera, pour des raisons pratiques, près de l’hôpital de N’Djamena. 

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires