Tchad : un plan simple

Le président tchadien, Idriss Deby Itno. © AFP

Le président tchadien, Idriss Deby Itno. © AFP

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Publié le 1 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

La paix désormais durablement installée au Tchad, Idriss Déby Itno, à l’instar de nombre de ses homologues africains, souhaite que son pays accède au statut d’émergent. Et rapidement : d’ici à 2025. Ce statut implique que l’économie du pays qui y aspire se soit dotée de sources de croissance diversifiées, créatrices de valeur ajoutée et d’emplois, et que les retards accumulés en matière de développement humain – accès de tous aux services sociaux de base (assainissement, eau potable, transports, santé, éducation…), à un logement décent, etc. – soient résorbés. Des chantiers colossaux et qu’il semble difficile d’achever en moins de douze ans dans le cas du Tchad, alors que N’Djamena n’est pas encore parvenu à discipliner son budget et stabiliser son cadre macroéconomique.

Certes, timing mis à part, l’ambition n’est pas irréaliste si l’on considère le potentiel du pays : ses importantes réserves en pétrole, en gaz et en minéraux, ses vastes terres arables irrigables, son cheptel de qualité (dans les meilleurs restaurants de Brazzaville et de Yaoundé, la réputation du boeuf tchadien n’est plus à faire), son capital humain, son patrimoine naturel époustouflant, sans oublier ses six frontières – deux avec l’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique), deux avec l’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Niger), une avec l’Afrique de l’Est (Soudan) et la dernière avec le Maghreb (Libye) -, qui sont autant d’atouts pour développer le commerce et susciter l’intérêt d’opérateurs étrangers en quête de pied-à-terre sur le continent.

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Mais les chances de voir le Tchad répondre aux critères de l’émergence à moyen terme résident peut-être ailleurs. En l’occurrence, dans le processus participatif que le chef de l’État veut voir organiser afin d’associer à l’élaboration du futur plan de développement du pays l’ensemble des acteurs qui seront, ensuite, chargés de le porter, de le mettre en oeuvre et de se l’approprier : les ministres et leurs conseillers, les élus nationaux et locaux, les fonctionnaires, les patrons et salariés du privé, le milieu académique, les médias et la société civile dans son ensemble, celle des villes et du monde rural, du Sahara au Sahel. Ça, c’est un vrai challenge. Et un vrai projet de société, dans tous les sens du terme.

Pour Bedoumra Kordjé, ancien vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), qui était chargé du montage de ce dossier stratégique en tant que ministre du Plan, de l’Économie et de la Coopération internationale jusqu’à sa nomination, le 19 février, au poste de secrétaire général de la présidence, « l’enjeu de la vision définie par le chef de l’État est de procéder à la transformation de la société tchadienne tant sur le plan économique que social et culturel. À travers ce processus participatif, il s’agit pour le Tchad de raffermir son unité nationale autour d’un idéal commun et partagé ». Et, au final, d’adopter un Plan de développement stratégique à l’horizon 2025, auquel aura adhéré la majorité de la population, pour avoir été consultée.

Le gouvernement va avoir du pain sur la planche pour faire aboutir ce processus, qui doit être lancé dans les mois à venir. L’exercice nécessitera une réflexion approfondie, ouverte et partagée, où les différentes composantes de la société tchadienne devraient pouvoir exprimer leurs attentes. « Ce sera aussi l’occasion de partager l’expérience des autres pays, aux côtés des différents partenaires au développement, et d’en tirer des leçons, espère Kordjé, mais aussi de mieux comprendre les pesanteurs de l’économie et de la société tchadiennes, auxquelles il faudra faire face pour réaliser les objectifs fixés. »

Passé cette phase de concertation, l’élaboration d’un document final doit être confiée à une équipe pluridisciplinaire. Charge ensuite au gouvernement de veiller à ce qu’une articulation efficace ait été faite entre les programmes politiques (à court, moyen et long terme) et les stratégies des différents secteurs socioéconomiques, pour faire adopter un plan de développement capable d’accompagner la transformation de la société « et ce, insiste Kordjé, selon une programmation clairement formulée et assortie d’indicateurs d’étape, de résultat et d’impact ». Ce qui implique, aussi, que l’équipe gouvernementale devra s’engager sur des résultats et rendre compte de ses performances. Un plan concerté, logique et vertueux donc, dont il ne reste qu’à espérer qu’il se déroule sans accroc. 

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