La Tunisie renonce à être notée par Standard & Poor’s
Quatre mois après une nouvelle dégradation de sa note, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a demandé à l’agence Standard & Poor’s « l’arrêt provisoire » de sa notation ainsi que de celle de du pays.
Mis à jour le 20/12/2013 suite à la publication du communiqué de la Banque centrale de Tunisie.
Les autorités tunisiennes ont préféré prendre les devants. Quatre mois après que l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note souveraine de la Tunisie de deux crans, la faisant passer de BB- à B, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a demandé lé’arrêt provisoire » de sa notation ainsi que de celle de du pays.
Dégradations successives
Dans un communiqué publiqué le 20 décembre, La BCT a tenu à préciser que c’est elle et « non le gouvernement, [qui] a jugé opportun de retirer provisoirement la notation souveraine assignée par l’agence Standard & Poor’s », conformément selon elle « aux usages concernant l’organisation et le monitoring des relations avec les agences de notation ». Dans sa note du 18 décembre annonçant cette demande de retrait, S&P a quoi qu’il en soit confirmé la note B attribuée au pays en août, avec des perspectives négatives.
Lire aussi :
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Fitch baisse (encore) la note de la Tunisie
Tunisie : S&P maintient sa perspective négative
Selon une source officielle, la décision prise par la Tunisie n’est pas liée aux dégradations successives de la note souveraine du pays par Standard & Poor’s.
Dans son communiqué, la BCT souligne qu’au vu « de l’évolution de l’économie tunisienne depuis le 14 janvier 2011″ et notamment en ce qui concerne les sources extérieures de financement et d’investissement, la Banque Centrale a décidé de réduire le nombre des agences de notation qui évaluent le risque souverain de la Tunisie à trois agences seulement, sachant que pour la plupart des émetteurs souverains, ce nombre est souvent limité à deux agences, une américaine et une européenne. »
Répartition géographique
Ainsi, l’objectif à terme des autorités tunisiennes est que l’État et la Banque centrale ne soient notés que par une seule agence dans chaque zone géographique : Moody’s pour les États-Unis, Fitch Ratings pour l’Europe et l’agence japonaise Rating and Investment Information (R&I) pour l’Asie.
La Banque centrale tunisienne préfère quant à elle insister sur le fait que les évaluations du risque souverain de la Tunisie effectuées par les quatre agences de notations « se rejoignent en classant le risque souverain de la Tunisie dans la catégorie spéculative ». Elle souligne également n’avoir jamais « interfér[er] dans la décision de notation d’aucune des agences mentionnées. » Il convient pourtant de remarquer que les notes attribuées à la Tunisie par Moody’s, Fitch Rating et R&I, respectivement Ba3, BB+ et BBB-, restent au dessus de la catégorie « hautement spéculative », même si elles sont toutes trois assorties d’une perspective négative.
Par ailleurs, à l’instar de Standard & Poor’s, ces agences de notations ont toutes levé, dans leurs évaluations, les inquiétudes soulevées par les blocages politiques que le pays connaît et par la dégradation de la situation macroéconomique (comptes publiques et déficits extérieurs).
Retour sur 16 ans de notation
La demande de retrait formulée par la Tunisie met terme à 16 années consécutives de notation du pays par Standard & Poor’s. Une collaboration fortement affetée par le printemps arabe. En effet, en avril 1997, à la demande des autorités tunisiennes, S&P a attribué au pays la note BBB-, la plus basse dans la catégorie « investissement ».
En mars 2000, celle-ci a été haussée d’un cran à BBB. La Tunisie a conservé cette note jusqu’en janvier 2011, date à laquelle elle a été placée sous « surveillance ». Trois mois plus tard, en mars, elle était rabaissée à BBB-. En 2012, l’agence de notation a baissé de deux crans la note du pays à BB, faisant passer les émissions obligataires de la Tunisie en catégorie spéculative, pour la première fois de son histoire.
Perspective négative
En février 2013, la notation de la Tunisie a encore été dégradée à BB- assortie d’une perspective négative. Six mois plus tard, à peine, elle perdait encore deux crans à B, et faisait ainsi son entrée dans la catégorie des obligations « hautement spéculatives », avec une perspective négative.
En décembre, la Tunisie a interrompu cette chute continue en demandant l’arrêt de sa notation à Standard and Poor’s.
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