France : Didier Le Bret, l’homme des zones rouges

Depuis son arrivée, en janvier, à la tête du centre de crise du Quai d’Orsay, Didier Le Bret n’a pas vraiment chômé !

Didier Le Bret, alors ambassadeur de France en Haïti (2009-2012). © AFP

Didier Le Bret, alors ambassadeur de France en Haïti (2009-2012). © AFP

Publié le 19 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Didier Le Bret n’est ni un juge traquant les biens mal acquis ni un militant des droits de l’homme. C’est un diplomate souriant et affable qui, à l’époque où il était ambassadeur de France en Haïti (2009-2012), était à tu et à toi avec le président Martelly. Il n’empêche : il pourrait bien devenir l’une des bêtes noires des chefs d’État africains.

Directeur du centre de crise du ministère français des Affaires étrangères depuis le début de l’année, c’est lui qui établit la liste des régions du monde que les ressortissants français ont intérêt à éviter. Il y a quelques années, le centre avait indisposé les autorités maliennes en déconseillant les régions touristiques de Tombouctou et de Hombori.

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De même, il a, le mois dernier, suscité l’ire du président Thomas Boni Yayi en plaçant en zone rouge (« formellement déconseillé ») le nord du Bénin… Les décisions prises dans ce petit département de 56 personnes au deuxième étage de l’une des ailes du Quai d’Orsay ont une influence directe sur la venue ou le départ des ONG, des entreprises et des touristes français.

Ce travail n’est pas une science exacte. Mais il doit être le plus objectif possible.

Le Bret n’est pourtant pas seul à décider. Dans la salle de réunion du centre de crise, un grand écran permet de dialoguer en direct avec les ambassadeurs sur le terrain. « Ce sont eux qui ont le dernier mot », explique un collaborateur du directeur. Mais il arrive que la décision soit prise dans le bureau du ministre ou à l’Élysée. « Ce travail, explique Le Bret, n’est pas une science exacte. Mais il doit être le plus objectif possible, car il ne doit pas faire l’objet de négociations entre gouvernements. » Après l’enlèvement d’une famille française au Cameroun, le Quai a été accusé de ne pas avoir anticipé les risques : « Il n’y avait pas d’informations probantes concernant un éventuel danger. » Surtout, « ce n’est pas parce qu’il y a un risque quelque part que, mécaniquement, toute la région doit être déconseillée ». 

"Conseils aux voyageurs"

La guerre au Mali a changé la donne en Afrique de l’Ouest, où vivent plusieurs dizaines de milliers de Français (près de 35 000 au Sahel). Sur la carte des « conseils aux voyageurs », le rouge ne cesse de gagner du terrain. « On la modifie dès qu’un nouvel élément nous est communiqué », indique un fonctionnaire.

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Mais ce n’est pas tout : il faut aussi gérer les catastrophes naturelles, venir en aide aux Français en difficulté à l’étranger, suivre les dossiers des otages… Heureusement que Le Bret n’en est pas à sa première crise. Ne fut-il pas en première ligne lors du séisme de 2010 en Haïti et de l’épidémie de choléra qui s’ensuivit ? 

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Par Rémi Carayol

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