Italie « post-fasciste » : mépris annoncé envers l’Afrique 

En Italie, l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni devrait avoir un impact sur l’immigration africaine. Dans les limites qu’impose la realpolitik…

 © Damien Glez

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Publié le 27 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

« Fasciste » : alors qu’habituellement, dans leur bras de fer avec la droite de la droite, les plus outranciers des militants hésitent à atteindre le point de Godwin en évoquant les souvenirs de l’ère hitlérienne ou mussolinienne, ce terme semble être attribué de manière automatique à la nouvelle dame de fer italienne. Tel une poupée gigogne nimbée de la flamme tricolore chère aux nostalgiques de Benito Mussolini, le parti Fratelli d’Italia, de Giorgia Meloni, a surgi de l’Alleanza nazionale, de Gianfranco Fini, elle-même enfantée par le Mouvement social italien, lui-même résurgence de la dictature du Duce…

Si les observateurs attendent la formation du gouvernement italien et ses premières mesures pour juger sur pièces ce post (ou néo) fascisme, nul doute que la question migratoire constituera un enjeu éminemment symbolique. La botte italienne et la Sicile sont en effet particulièrement proches des côtes africaines, notamment de la Libye et de la Tunisie.

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Internationale souverainiste

Un cadre du parti de Fratelli d’Italia ayant déjà mis en garde contre « la substitution ethnique » –pour ne pas dire « le grand remplacement » –, priorité sera accordée à une natalité italo-italienne. Si la coalition au sein de laquelle évolue Giorgia Meloni lui donne les coudées franches, elle tentera de compliquer les conditions d’accès à la nationalité italienne et de s’attaquer à l’immigration illégale, réservant les fonds destinés à la coopération Nord-Sud à ces questions et réclamant que les ports italiens refusent d’accueillir les bateaux ayant secouru des migrants en Méditerranée.

Membre fondateur de la CEE devenue Union européenne, l’Italie, aujourd’hui souverainiste, devra toutefois mettre un peu d’eau dans son chianti. Certes, les projets de blocus naval ou de hotspots destinés à trier les réfugiés-candidats à l’exil dès leur parcours africain ne sont pas nouveaux aux sein de l’UE.

Certes, l’Italie, soucieuse de diversifier ses sources énergétiques, évitera de froisser des pays comme l’Algérie, en passe de devenir son premier fournisseur de gaz. Certes enfin, depuis une quinzaine d’années avec les patrouilles mixtes imaginées par le duo Berlusconi-Kadhafi, et depuis 2018 avec le décret-loi « immigration et sécurité » du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, le combat contre l’immigration illégale est déjà au cœur de la politique italienne.

Rien de nouveau, pour l’Afrique, sous le soleil de Rome ? Si la tendance actuelle devait se préciser, c’est peut-être sous les rayons dardés sur Bruxelles que le vent idéologique pourrait souffler sur d’autres États. Sous le regard gourmand du Hongrois Viktor Orbán et sous celui, alléché, de la Française Marine Le Pen, le parti du Suédois Jimmie Åkesson, virulent à l’égard de l’immigration, a poussé les portes du pouvoir, le 11 septembre. Aux nouveaux nationalismes panafricanistes de répondre comme il se doit à l’émergence d’une internationale européenne souverainiste…

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