Bénin : tous les chemins mènent à Talon
Deux personnes, dont Pamphile Zomahoun, un proche de l’homme d’affaires recherché par la justice, ont été arrêtées, le 22 et le 23 février, pour tentative de coup d’État contre le président béninois Boni Yayi.
Que se passe-t-il au Bénin ? Depuis quelques mois, les chroniques judiciaires de ce petit pays sont dignes des plus grands films d’espionnage. Dernière affaire en date ? L’arrestation les 22 et 23 février d’un expert-comptable et d’un commandant de gendarmerie, puis leur mise sous mandat de dépôt le 1er mars. Pamphile Zomahoun, ancien chef de l’escorte présidentielle, et Johannes Dagnon, patron de l’un des plus gros cabinets d’expertise-comptable du pays, sont tous deux accusés de « tentative d’atteinte à la sécurité intérieure ». « Les intéressés ont fait des aveux, a déclaré le procureur de la République lors d’une conférence de presse le 3 mars. Le juge d’instruction est saisi. Une enquête est en cours. »
Zomahoun et Dagnon ne prévoyaient pas d’attenter à la vie du président Boni Yayi, selon le procureur, mais voulaient l’empêcher de rentrer d’un voyage officiel en Guinée équatoriale, le 22 février, pour permettre l’installation d’un pouvoir militaire. « Zomahoun a contacté le chef d’état-major de l’armée de terre pour solliciter son soutien, croit savoir un proche de la présidence. C’est lui qui en a informé les autorités et a permis l’arrestation des personnes impliquées dans l’affaire. »
On est de plus en plus parano au palais de la Marina.
C’est surtout l’identité du second accusé qui achève de corser l’affaire : commissaire aux comptes de l’homme d’affaires Patrice Talon (dont il est aussi le cousin), Dagnon « avait reçu instruction pour mettre à la disposition tous les fonds nécessaires à l’achat d’armes et de munitions », accuse un ministre proche de Boni Yayi. Or Talon est déjà accusé d’avoir voulu empoisonner le chef de l’État, avec la complicité de sa nièce et de son médecin personnel. Le 1er mars, un deuxième mandat d’arrêt international a donc été émis à son encontre. Réfugié en France, il attend qu’un juge statue sur la demande d’extradition faite par le Bénin pendant qu’à Cotonou le président suit de très près l’évolution du dossier.
Au Bénin, on s’inquiète de ces scandales à répétition. Le troisième du même type en moins de un an. En juillet 2012, les autorités avaient renforcé les contrôles de sécurité et interdit les rassemblements à Cotonou, soupçonnant certains « hommes d’affaires » en cheville avec des « syndicalistes » de fomenter des troubles pour renverser le président. Quatre mois plus tard, c’était au tour de l’affaire Talon… « Que ces tentatives de coup d’État soient avérées ou non, que ces hommes soient coupables ou non, s’inquiète un observateur de la vie politique locale, tout cela ne témoigne que d’une chose : on est de plus en plus parano au palais de la Marina. »
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Par Malika Groga-Bada
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