Cameroun : Henri Damase Omgba, mort d’un homme de l’ombre

Ancien proche de Paul Biya et de Jacques Foccart, l’homme d’affaires camerounais Henri Damase Omgba s’est éteint à 76 ans.

Le « milliardaire de Nsimeyong » était tombé en disgrâce au Cameroun dans les années 1960. © Maboup

Le « milliardaire de Nsimeyong » était tombé en disgrâce au Cameroun dans les années 1960. © Maboup

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 14 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Henri Damase Omgba est décédé le 7 mars, à 76 ans, avec tous ses secrets. Son nom était associé aux épisodes les plus obscurs de la Françafrique, même si, pendant de longues années, les journaux se sont arraché les cheveux pour obtenir une photographie de ce personnage de roman noir. Ces dernières années, il vivait reclus dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, entouré de ses enfants, dont l’un se prénomme Félix Houphouët, en hommage à son ami le président ivoirien disparu. Riche, malade, mais aussi déconnecté de la nouvelle génération de dirigeants du continent.

« Ses amis sont morts ou ne veulent plus le voir », présumait un ancien journaliste qui l’a connu. Dans la liste de ceux qui l’avaient rayé de leur carnet d’adresses figure en bonne place le chef de l’État camerounais, Paul Biya, dont cet « homme d’affaires » au parcours singulier a été pendant plus d’une décennie l’un des visiteurs du soir les plus influents. Les deux hommes finiront par se brouiller lorsque le « milliardaire de Nsimeyong » se piquera de soutenir Victor Ayissi Mvodo, meilleur ennemi de Biya, qui préparait une candidature à la présidentielle. Mais, avant qu’il ne tombe en disgrâce, la fréquentation de sa somptueuse propriété de Yaoundé était dans les années 1990 le meilleur tremplin pour accéder au gouvernement. Son neveu, Séraphin Fouda, est encore le secrétaire général adjoint de la présidence.

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Mannequin

Belle revanche pour cet ancien tailleur parti de rien, arrivé en France pour démarrer une carrière de mannequin avant de faire la connaissance de Jacques Foccart, qui en fait un de ces sulfureux intermédiaires de l’ombre, familier des palais africains. Le 17 juillet 1995, c’est lui qui porte la lettre du président zaïrois Mobutu Sese Seko à l’Américain Jimmy Carter sollicitant son aide pour sortir de son isolement international. C’est encore lui qui facilite, avec Charles Pasqua, l’installation du PMU au Cameroun. L’origine de sa fortune est aussi attribuée à la vente de matériel militaire et aux privatisations des entreprises publiques camerounaises, notamment. Sa complicité avec Biya reposait en partie sur des goûts communs : d’abord leur passion pour les Jaguar, qu’ils étaient les seuls à posséder à Yaoundé dans les années 1970. Puis la dégustation des bons vins français, la musique classique, le football, les films de Francis Ford Coppola…

La vraie force de cet homme ne résidait pas dans le pouvoir qu’il avait mais dans celui qu’on lui prêtait du fait de sa proximité avec les puissants. Son histoire romanesque se finit dans la quasi-indifférence de ses amis d’hier, qu’il a fini par exaspérer à force d’user de leur attachement comme d’un viatique.

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