Libye : chasse aux sorcières

À l’origine de la tentative d’assassinat sur le président du Parlement libyen, Mohamed el-Megaryef, le débat houleux sur un projet de loi visant à déterminer les critères pour écarter de la vie politique les personnalités compromises avec l’ancien régime. Une « épuration » qui pourrait radicalement redessiner le paysage politique.

Mohamed el-Megaryef n’a dû son salut qu’au blindage de sa Toyota noire. © Mahmud Turkia/AFP

Mohamed el-Megaryef n’a dû son salut qu’au blindage de sa Toyota noire. © Mahmud Turkia/AFP

Publié le 14 mars 2013 Lecture : 1 minute.

Déjà pris pour cible à Sebha (dans le sud du pays) il y a deux mois, Mohamed el-Megaryef a échappé le 5 mars à une nouvelle tentative d’assassinat. En janvier, ses gardes du corps avaient ferraillé pendant trois heures contre les assaillants qui s’en étaient pris à l’hôtel du président du Parlement libyen (la plus haute autorité de la transition) à l’arme lourde. Cette fois-ci, Megaryef n’a dû son salut qu’au blindage de sa Toyota noire. Sur le véhicule, trois impacts de balles montrent que les tireurs ont visé le conducteur au moment où le convoi présidentiel tentait de quitter une réunion du Parlement. 

Épuration

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Tout est parti du projet de « loi d’exclusion politique » qui empoisonne la vie du Congrès général national depuis son installation en juillet 2012. Le principe est vieux comme le pouvoir. Il s’agit de déterminer les critères permettant d’écarter de la vie politique tous ceux qui se sont compromis avec l’ancien régime. Or les contours de ce texte font débat, puisque, selon la définition de la « collaboration », l’épuration peut être plus ou moins radicale et étendue. Le 5 mars, une manifestation, apparemment manipulée par un député partisan d’une loi dure, a dégénéré en prise d’otages de parlementaires. Ceux-ci ont été sommés de voter la loi sans délai ni discussion. En l’état, ce texte aurait pour effet d’exclure de la vie politique Megaryef et l’actuel Premier ministre, Ali Zeidan (tous deux d’anciens diplomates du régime de Kadhafi ayant fait défection au début des années 1980), et une trentaine de députés, au moins. 

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