Maroc : sept personnes interpellées à Fès pour trafic de visas

Sept personnes ont été arrêtées au Maroc, accusées d’avoir monnayé leurs services afin d’obtenir des rendez-vous en vue de la délivrance de visas Schengen. Un trafic lucratif qui ne cesse de grandir face aux restrictions des pays européens.

Demandeurs de visas devant les bureaux de TLSContact, à Tunis, le 29 septembre 2021. © Fethi Belaid/AFP

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Publié le 29 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

Les personnes désireuses d’obtenir un visa auprès de certaines ambassades qui sous-traitent ce service à des prestataires privées se heurtent à des difficultés croissantes. Résultat : de pseudos intermédiaires leur proposent de décrocher les rares rendez-vous disponibles moyennant finance.

Selon l’agence de presse espagnole EFE, sept de ces « intermédiaires » ont été arrêtés à Fès, le 26 septembre, puis placés en détention. Ils seraient impliqués dans une affaire d’escroquerie aux visas Schengen.

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Le parquet a ouvert une enquête et une perquisition a eu lieu dans des locaux utilisés par l’un des suspects. La police y a trouvé des formulaires de demande de rendez-vous, habituellement utilisés par les sous-traitants des consulats, ainsi que des copies de passeports et des demandes de regroupement familial. Les sept personnes interpellées facturaient 700 dirhams (environ 65 euros) la prise de rendez-vous à des tiers désireux de se rendre dans l’espace Schengen.

Le phénomène n’est certes pas nouveau, mais il a pris de l’ampleur au fur et à mesure que les créneaux de rendez-vous se raréfiaient. Depuis septembre 2021, la France, par exemple, a considérablement réduit le nombre de visas qu’elle octroie aux demandeurs issus des pays d’Afrique du Nord. Pour le Maroc comme pour l’Algérie, le ministère français de l’Intérieur avait fixé un objectif de 50% de réduction.

Créneaux de rendez-vous

Pour trouver un créneau, il faut se connecter plusieurs fois par jour, et ce pendant de longues semaines, sur les sites des sous-traitants qui gèrent les demandes. À Fès, le consulat de France passe ainsi par la société TLSContact, et le consulat d’Espagne par BLS International. Le business des intermédiaires gravitant autour de ces sous-traitants ne cesse de se développer.

Le 9 septembre, le consul d’Italie à Casablanca a annoncé la suspension, pendant deux semaines, des rendez-vous pour regroupement familial sur la plateforme de TLSContact afin, justement, de lutter contre les activités de certains intermédiaires. Ces derniers parviennent à monopoliser les créneaux de rendez-vous avant de les revendre pour des sommes pouvant atteindre plusieurs milliers de dirhams.

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L’Association marocaine des droits de l’homme a lancé un appel à manifester, le 4 octobre, devant le siège de la délégation de l’Union européenne à Rabat. Précédemment, elle avait écrit à l’UE pour protester contre les restrictions de visas. La lettre est restée sans réponse.

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