Burkina Faso : bal de prétendants à la direction du CDP

Entre les vieux compagnons, la famille et les figures montantes, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti du président burkinabè Blaise Compaoré) est en train de changer de tête(s).

Le frère cadet du chef de l’État (tout en blanc). © AFP

Le frère cadet du chef de l’État (tout en blanc). © AFP

Publié le 13 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Burkina Faso : comptes et décompte
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Burkina Faso : comptes et décompte

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Et s’il partait ? Si Compaoré acceptait de quitter la présidence en 2015, comme le lui impose l’actuelle Constitution ? Serait-ce le chaos au sein de son parti, la guerre de succession que certains prédisent et qui pourrait détruire en quelques semaines l’imprenable édifice élevé par le président et son entourage ces vingt-cinq dernières années ? « Peut-être, mais je n’y crois pas, confiait l’an dernier Philippe Ouédraogo, un opposant historique. Compaoré n’a jamais fait les choses au hasard. S’il part, c’est sûr qu’il aura assuré sa succession, ne serait-ce que pour s’éviter des ennuis judiciaires. »

Aujourd’hui, au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti présidentiel, personne ne se bouscule au portillon, du moins pas publiquement. Mais Ouaga, ville de rumeurs, bruisse de noms.

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Il y a évidemment les « anciens », des compagnons de la première heure de Compaoré : Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré (maire sortant de Ouaga) et Salif Diallo (ex-numéro deux du régime). Mais leur position est fragile. Le premier, qui s’enferme dans le silence depuis plusieurs semaines, a tout perdu en quelques mois. Débarqué de la direction du parti en mars 2012, il a quitté le perchoir en décembre. Il n’est même plus député. Disgrâce ? « Pas forcément, fait valoir un familier du sérail. Ce ne serait pas la première fois que Compaoré se passe quelque temps d’un compagnon pour le remettre en selle ensuite. » Quant aux deux autres, ils semblent plus proches de la retraite politique que d’une renaissance.

François Compaoré a tout : les réseaux, l’influence, le nom…

Nouvelle génération

Le successeur de Compaoré est certainement à chercher dans la nouvelle génération. Djibrill Bassolé, ministre des Affaires étrangères et ancien gendarme, a la carrure d’un homme d’État, mais il n’est pas sûr qu’il en ait l’ambition. Il y a aussi Jérôme Bougouma, le ministre de l’Administration territoriale – un portefeuille clé au Burkina -, qui s’est fait un nom en quelques années et sur lequel un diplomate en poste à Ouaga ne tarit pas d’éloges. « Il est intelligent, efficace, et c’est un homme de dossiers », dit-il. Compaoré aussi l’apprécie.

Reste le cas du « petit président », le conseiller économique de Blaise depuis vingt ans, son frère cadet, François Compaoré. Il a tout : les réseaux (surtout au sein du patronat et de la chefferie coutumière), l’influence, le patronyme… sauf la popularité. Pour nombre de Burkinabè, son nom est mêlé aux assassinats de son ancien chauffeur David Ouédraogo et du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 1990. Élu député en décembre, il a laissé son siège à son suppléant. « François » avait placé plusieurs de ses proches à la tête du CDP quelques mois plus tôt. Pour l’opposition comme pour un petit nombre de récalcitrants au CDP, c’est clair comme de l’eau de roche : Blaise veut l’imposer. Ce que le principal intéressé dément.

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Dans les petits papiers de Blaise

Outre Bassolé et Bougouma, deux ministres – à défaut d’être présidentiables – jouent un rôle majeur auprès de Blaise Compaoré. Le premier, Lucien-Marie Noël Bembamba, 56 ans, beau-frère du chef de l’État et technocrate efficace, a, depuis 2007, pris la tête du portefeuille du Budget puis de celui de l’Économie et des Finances, après avoir dirigé le Trésor de 1993 à 2007. Le second est d’une autre trempe. Révolutionnaire de la première heure, Arsène Bongnessan Yé, 55 ans, est aux côtés de Compaoré depuis son arrivée au pouvoir. Après avoir connu les sommets (il fut le patron du parti présidentiel et de l’Assemblée nationale dans les années 1990), puis la disgrâce, le médecin militaire a retrouvé la confiance présidentielle. Depuis avril 2011, il est chargé des relations avec le Parlement et des réformes politiques. Si l’article 37 devait être modifié, il serait en première ligne. R.C.

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