Afrique du Sud : le phénix Jacob Zuma veut renaître de ses cendres

Provocation ou autosuggestion ? Toujours en délicatesse avec la justice, l’ancien président n’exclut pas un retour en politique via les instances de l’ANC…

 © Damien Glez

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Publié le 29 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

La pensée populaire voudrait que l’on ne soit jamais mort en politique. Chaque politicien de premier plan tente donc de se maintenir sur la photo du paysage politique local, comme Silvio Berlusconi, 86 ans, aperçu lors du week-end électoral italien passé. Ceux qui sont au pouvoir tentent de verrouiller leur position, comme l’Équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui entend briguer, à 80 ans, un nouveau mandat à la tête de l’État qu’il dirige depuis 43 ans. Plus dure paraît, par contre, la résurrection des déchus

Come-back ou fanfaronnade ?

Forcé en 2018 à la démission de son poste de président d’Afrique du Sud pour des faits présumés de corruption dont il n’a toujours pas fini de répondre devant la justice, le fanfaron Jacob Zuma se dit disponible pour servir le Congrès national africain (ANC), parti historique de Nelson Mandela. C’est à la fin de décembre que l’ANC décidera s’il investit l’actuel chef de l’État Cyril Ramaphosa à la prochaine présidentielle. Un Ramaphosa derrière lequel Jacob Zuma a déjà fait comprendre qu’il ne s’alignerait pas, évoquant un soutien à la candidature de son ex-femme, Nkosazana Dlamini-Zuma. L’ex-époux prépare-t-il un retournement de veste ?

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Come-back esquissé ou fanfaronnade ? Zuma a compris l’intérêt de l’effet de surprise, diffusant son communiqué à minuit le 26 septembre via le compte Twitter de sa fille et non via la fondation Zuma. Il a également assimilé, comme le général de Gaulle en 1958, qu’un « forcing » doit ressembler davantage à un sacrifice qu’à une ambition dévorante. Et l’ancien président d’évoquer un appel en sa direction. « Des dirigeants de l’ANC » l’auraient approché pour qu’il se rende disponible pour assumer des responsabilités au sein du parti. Messianique, Jacob Zuma conclut : « Je ne refuserai pas un tel appel s’ils jugent nécessaire que je serve à nouveau l’organisation. »

Ramaphosa fragilisé

Quid des directives électorales du parti, publiées en août, qui stipulent qu’un candidat à la candidature ne peut avoir été « accusé ou reconnu coupable de conduite contraire à l’éthique ou immorale, de crime grave ou de corruption » ? Évoquant dans son communiqué les « difficultés causées » par sa « situation juridique actuelle », Zuma n’élude pas le sujet, espérant peut-être le balayer en endossant la tunique du recours exceptionnel en un temps exceptionnel.

C’est que, lors des scrutins de 2021, le soutien des Sud-Africains à l’ANC a plongé historiquement sous la barre des 50 %. Et que Cyril Ramaphosa apparaît fragilisé par sa gestion du Covid ou des inondations, tout autant que par des affaires personnelles, comme la présumée dissimulation d’un cambriolage dans sa ferme de Phala Phala. Le « casse » aurait concerné 3,8 millions d’euros aux origines floues. Morveuse, la victime se serait mouchée en achetant le silence des cambrioleurs.

Une aubaine pour son prédécesseur ? Les reproches faits à Ramaphosa et le traitement houleux que celui-ci subit dans les sessions des instances politiques ne sont pas sans rappeler la fronde subie il y a quelques années par un certaine… Jacob Zuma.

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