Nigeria : Abubakar Shekau, l’imam caché de Boko Haram
Chef de la secte nigériane Boko Haram, Abubakar Shekau est l’un des jihadistes les plus recherchés d’Afrique. Et l’un des plus secrets.
En juillet 2009, la secte islamiste Boko Haram lance une série d’attaques meurtrières dans le nord du Nigeria. Pendant cinq jours, les combats font rage. Des centaines de personnes sont tuées. Parmi elles, Mohamed Yusuf, fondateur et chef spirituel du mouvement, abattu par la police dans son fief de Maiduguri (Nord-Est). À l’époque, les forces de sécurité nigérianes annoncent aussi l’élimination d’Abubakar Shekau, son bras droit.
Un an plus tard, en juillet 2010, « l’imam Shekau » réapparaît, à la surprise générale, dans une vidéo postée sur internet. Il s’y proclame leader de Boko Haram et promet une lutte sans merci au gouvernement central. Depuis, il est l’un des jihadistes les plus recherchés d’Afrique… et l’un des plus méconnus.
Brutal
Tout juste sait-on qu’il est né à Shekau, un village de l’État de Yobe, non loin du Niger. Nul ne connaît son âge exact : 35, ou 43 ans ? Abubakar grandit à Mafoni, un quartier défavorisé de Maiduguri. Il traîne dans la rue, fume de la marijuana. Comme beaucoup de jeunes du coin, il est fasciné par Mohamed Yusuf, avec qui il entre en contact au début des années 2000. Contrairement à son aîné, Shekau n’a pas reçu de véritable formation théologique. Décrit comme un individu brutal et peu prolixe, il ne parle pas l’anglais et s’exprime en kanuri, en haoussa ou en arabe.
Shekau est également introuvable depuis trois ans. On signale sa présence tantôt au Nigeria, tantôt au Tchad ou dans le Nord-Cameroun. Ses apparitions se résument à de rares vidéos. Keffieh sur la tête, qamis blanc des salafistes et kalachnikov à portée de main : l’image qu’il veut donner rappelle celle d’un certain Oussama Ben Laden. « Une secte comme Boko Haram a besoin d’un gourou, analyse Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria. Malgré tous ses efforts, Shekau n’a ni le charisme de Yusuf ni sa capacité à se faire respecter de tous. » Un manque d’autorité qui expliquerait en partie les dissensions qui se font jour au sein de l’organisation.
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