Cameroun : l’effet Boko Haram
Depuis l’enlèvement de sept Français dans le nord du Cameroun, les autorités renforcent les dispositifs de sécurité. Mais le tourisme local est déjà très affecté.
Des policiers qui se relaient le long de la nationale Waza-Dabanga-Kousseri, une équipe du Bataillon d’intervention rapide (BIR) patrouillant à Amchidé, des villes quadrillées, des avions qui surveillent les frontières… Depuis l’enlèvement de sept Français, le 19 février, dans le nord du pays, les autorités camerounaises tentent de renforcer la sécurité dans une zone où les attaques de la secte islamique Boko Haram sont monnaie courante, côté nigérian.
Trois commissions de crise, impliquant la présidence de la République, le ministère de la Défense et la Direction générale de la sûreté intérieure ont été créées au niveau national.
Selon le gouverneur de l’Extrême-Nord, qui dirige la cellule de crise régionale, à Maroua, alors que les effectifs du BIR et de la police avaient doublé en 2012, « un fort contingent de militaires » initialement basés à Garoua a été redéployé vers la frontière. Objectif : traquer les suspects et, surtout, rassurer. Car même si le Cameroun persiste à ne voir dans « ce rapt ignoble » qu’un « acte isolé », il sait qu’il a beaucoup à perdre, lui qui a fait de la stabilité et de la paix un argument de vente auprès des investisseurs et des touristes.
Sites touristiques réputés
Déjà, la mise à l’index par la France de cette partie du pays, en pleine saison touristique, risque de porter un rude coup à une activité qui, longtemps compromise par la présence des coupeurs de routes, commençait à renaître de ses cendres. Proches des frontières avec le Tchad et le Nigeria, les sites touristiques les plus réputés (parcs nationaux de Waza, de Boubandjida et de la Bénoué, paysages lunaires de Kapsiki, montagnes de Rumshiki) ont été désertés. Au campement de Waza, où a séjourné la famille française enlevée, le directeur reconnaît une importante chute des réservations et de nombreuses annulations. À l’instar d’Allibert Trekking, plusieurs voyagistes ont fait savoir qu’ils n’enverraient plus de touristes dans la région. Pourtant, à en croire le délégué régional au tourisme, les hôtels les plus sécurisés sont ceux qui accueillent majoritairement des Français. À Maroua, au Relais Porte Mayo, le nombre de gardes en uniforme est passé de zéro à trois, soutenus par des policiers en civil.
Petite consolation pour le Cameroun : si l’ambassadeur de France s’est rendu dans la ville pour pousser ses compatriotes à quitter la région, on est pour le moment loin d’un mouvement de départ massif. Dans les ambassades du Cameroun en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, on se réjouit de ne pas avoir constaté une diminution du nombre des demandes de visa. L’ambassade à Paris a même, précise-t-elle, accordé des visas il y a quelques jours à cinq cadres de groupe GDF Suez, employeur de l’otage Tanguy Moulin-Fournier.
Il n’empêche, l’enlèvement des Français a révélé l’absence de politique sécuritaire en matière de terrorisme. Alors que le Nigeria s’appuie sur une force spéciale composée de militaires et de policiers qui se consacre exclusivement à cette tache, le Cameroun a jusqu’à présent utilisé dans le grand Nord les seules unités de la police, du BIR et de la gendarmerie, comme dans n’importe quelle autre région du pays.
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