Israël : pureté et autres fadaises

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 1 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Le Beitar Jerusalem est l’équipe de football la plus importante de l’État hébreu. Ce club fermé, dont les joueurs sont tous juifs, est proche du Likoud, le parti de droite israélien. Récemment, ses dirigeants ont décidé d’évoluer en recrutant deux footballeurs tchétchènes. Donc des musulmans. Fureur des ultras du Beitar, qui ne peuvent tolérer la présence de ces pauvres Tchétchènes. Pour exprimer leur indignation, ils n’ont pas hésité à déployer une banderole avec cette inscription : « Beitar pur pour toujours ». En clair, ils refusent de se mélanger aux musulmans afin de ne pas perdre leur « pureté ». Pourtant, nous sommes en 2013, au XXIe siècle. Ceux qui se comportent ainsi et qui érigent la haine de l’Autre, de l’étranger, du « différent » en valeur sacrée ont-ils la mémoire courte au point d’oublier que les dirigeants du IIIe Reich, au siècle dernier, tenaient le même discours au nom de la « pureté » de la « race aryenne » ? Qu’ils avaient exclu les Juifs de la pratique sportive ?

Quand on cherche à comprendre pourquoi certains Israéliens mal inspirés se conduisent de cette façon, leur motivation est renversante : ils ne veulent pas perdre « le caractère juif » de leur société ! Les tenants de cette idéologie n’y vont pas de main morte, surtout quand il s’agit de Noirs, qu’ils appellent « Soudanais ». Il faut le dire, la vie n’est pas facile pour les Africains qui ont eu la mauvaise idée d’aller tenter leur chance en Israël. Les demandeurs d’asile, par exemple, sont considérés comme des criminels, et l’État hébreu a déjà pensé à la construction d’une prison de haute sécurité où ils seraient enfermés. Ceux qui ont pu obtenir un titre de séjour ne sont guère plus heureux. Chaque jour, ils affrontent un racisme virulent. Convaincue que les Africains sont venus lui prendre son travail, la population locale, le plus souvent hostile, refuse de leur louer des appartements, quand on ne leur crache pas en plein visage ou qu’on ne détruit pas leurs petits magasins.

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La dernière affaire en date concerne des femmes éthiopiennes, pourtant de confession juive, à qui l’administration israélienne a fait injecter pendant des années, et sans demander leur consentement, un contraceptif. Conséquence : une baisse importante de la fertilité chez ces femmes Falashas, juives venues d’Éthiopie, noires, dont la communauté compte quelque 130 000 personnes. Était-ce une démarche volontairement raciste pour qu’Israël ne perde pas son identité ? Aux initiateurs de prouver le contraire. Bien entendu, ils vont se confondre en dénégations outrées.

À tous ceux qui, en Israël, n’ont pas encore compris que tout être humain mérite le respect, j’aimerais dire quelque chose. J’ai grandi à Mbuji-Mayi, capitale diamantifère du Kasaï-Oriental, au centre de la République démocratique du Congo. Dans ma rue vivaient des commerçants juifs. Leurs maisons étaient plus belles que les nôtres. Nous vendre des biens de consommation courante n’était pas une activité géniale. Mais personne n’a jamais ni insulté ni maltraité ces Juifs. Pour preuve, depuis l’époque de mon enfance, le plus grand marché de Mbuji-Mayi porte le nom de l’un de ces commerçants : Simis, c’est-à-dire Simon Israël. Qui dit mieux

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