Équateur : Correa, le nouveau Chávez
Fâché avec les milieux d’affaires, les médias et les États-Unis, Rafael Correa a pourtant été réélu à la présidence. Dès le premier tour.
Il finance ses programmes sociaux grâce à la manne pétrolière, n’a pas de mots assez durs pour fustiger les États-Unis et, plébiscité par les classes populaires, vient d’être reconduit à la tête de son pays. Hugo Chávez ? Non, Rafael Correa. Le 17 février, l’Équatorien a recueilli 56,7 % des voix dès le premier tour de l’élection présidentielle.
Ses détracteurs le décrivent comme autoritaire, impulsif et allergique à la critique. Ses proches voient avant tout en lui un ambitieux. Enfant (il est né en 1963 dans une famille modeste de Guayaquil), il jouait, paraît-il, au président, promouvant et destituant ses frères et ses amis dans un gouvernement imaginaire. Catholique pratiquant, il a fait ses études aux États-Unis et en Belgique, où il a rencontré sa future femme, Anne Malherbe, aujourd’hui institutrice au lycée français de Quito. Le couple a eu trois enfants.
Par la suite, Correa a enseigné l’économie et conseillé un ministre, avant d’être nommé lui-même ministre, en 2005, par le président Alfredo Palacio. Destitué trois mois plus tard sous la pression du FMI et de la Banque mondiale, il rebondit dès l’année suivante. En novembre, il est élu à la présidence sous la bannière d’Alianza País, une coalition de partis de gauche. Il sera réélu en 2009, après avoir fait adopter une nouvelle Constitution.
Son bilan n’est pas négligeable. Il a renégocié la dette extérieure de l’Équateur ainsi que divers contrats pétroliers, construit ou refait 7 000 kilomètres de routes, sorti un million de personnes de la pauvreté, augmenté les budgets de la santé et de l’éducation. Très marqué par son année d’étudiant bénévole à Zumbahua, dans les Andes, il a renforcé les droits des Indiens et fait de ce village le point de départ de sa « révolution citoyenne » – un vaste programme de réformes socio-économiques.
Trahison
Revers de la médaille, les milieux d’affaires lui reprochent de faire fuir les investisseurs étrangers. Et les Américains voient en lui un nouveau Chávez – surtout depuis qu’il a offert l’asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, dans son ambassade à Londres. Même certains Indiens l’accusent de trahison : n’a-t-il pas entrepris de développer l’exploitation minière à grande échelle sur leurs territoires ?
Il n’empêche : grâce à Rafael Correa, l’Équateur a renoué avec la stabilité, alors que six dirigeants s’étaient succédé entre 1997 et 2007. Mieux, Hugo Chávez n’étant pas au mieux de sa forme, il pourrait être appelé à lui succéder à brève échéance en tant que chef de file de la gauche radicale en Amérique du Sud.
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