Affaire Sonatrach : deux Algériens au coeur du système

La justice italienne enquête sur un vaste système de corruption entre la Sonatrach et ses partenaires, à l’époque ou Chakib Khelil était le ministre algérien de l’Énérgie. Deux hommes sont particulièrement visés pour leur rôle dans les malversations présumées.

La presse algérienne s’est largement fait écho du scandale de la Sonatrach. © Louizza Ammi pour J.A.

La presse algérienne s’est largement fait écho du scandale de la Sonatrach. © Louizza Ammi pour J.A.

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Publié le 5 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Au coeur du système mis en place par Chakib Khelil, Mohamed Réda Hemche, son propre neveu, et Farid Bedjaoui. Hemche est décrit par les protagonistes du scandale Sonatrach comme « le cerveau de la corruption ». Originaire de Hennaya, dans la région de Tlemcen, il était, au début des années 1990, un simple agent consulaire en Turquie. En 1997, il a eu maille à partir avec la justice française après avoir été arrêté à Marseille en possession de deux véhicules volés. De retour en Algérie, Hemche végète grâce à un modeste commerce entre Alger et Oran. À peine nommé ministre, son oncle fait de lui son conseiller, puis le parachute, en 2001, à la tête de la cellule sponsoring de Sonatrach.

Hemche distribue alors l’équivalent de millions de dollars aux clubs et associations de soutien au président Bouteflika. Pour le compte de son oncle, il supervise les contrats accordés par Sonatrach, pour une valeur de 2,1 milliards d’euros, à la firme algéro-américaine Brown & Root-Condor (BRC), dont il était membre du conseil d’administration. Les révélations sur le scandale BRC ne l’empêchent pas de devenir chef de cabinet du PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, alors que son nom ne figure dans aucun organigramme du groupe. Aux responsables algériens et étrangers, Hemche avait pour habitude de marteler à haute voix : « Ici, c’est moi qui commande ! »

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Rétrocommissions

Second pilier du système : Farid Bedjaoui. Installé à Dubaï, il est à la tête d’un cabinet de conseil financier, Rayan Asset Management. Le ministre lui confie, en 2001, un placement de 1 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) qui rapportera en cinq ans plus de 450 millions de dollars à Sonatrach (600 millions de dollars selon Khelil, qui s’est exprimé sur le sujet en mai 2010, mais le placement serait de 2 milliards). Khelil fait de Bedjaoui son conseiller financier occulte et l’associe aux négociations avec Eni. Le cabinet de Bedjaoui, Pearl Partners Ltd, sert de récipiendaire aux commissions et rétrocommissions touchées par des responsables algériens et italiens pour les marchés entre Sonatrach et Saipem.

Démasqués par le parquet de Milan, les deux hommes ont jusque-là échappé aux griffes de la justice algérienne. Hemche, soupçonné par le parquet de Milan d’avoir empoché 2 millions d’euros de commissions dans le cadre des contrats accordés à la firme italienne Saipem, est aujourd’hui installé en Suisse. Quant à Bedjaoui, ?il continue ses affaires entre Londres, Paris, Montréal et Dubaï.

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