Lula da Silva : grandeur et décadence

L’ancien président Lula da Silva, icône dans son pays, se retrouve, à tort ou à raison, impliqué dans un énorme scandale de corruption.

En chemise rouge à La Havane, le 30 janvier : un hommage à Hugo Chavez. © SIPA

En chemise rouge à La Havane, le 30 janvier : un hommage à Hugo Chavez. © SIPA

Publié le 26 février 2013 Lecture : 2 minutes.

L’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010) était jusqu’ici épargné par l’énorme scandale de corruption dans lequel se débat son Parti des travailleurs (PT), le « mensalão » (« les grosses mensualités »), comme disent les Brésiliens. Le voici à son tour mis en cause.

Le 7 février, Roberto Gurgel, le procureur général du Brésil, a transmis au ministère public de l’État de Minas Gerais (Sud-Est) les accusations portées en septembre 2012 – et rendues publiques trois mois plus tard – par le publicitaire Marcos Valério Fernandes contre l’ancien chef de l’État. Celui-ci aurait été au courant du vaste système d’achat de votes mis en place durant son premier mandat, entre 2003 et 2005. Des élus, des ministres, des entrepreneurs, des banquiers avaient en effet été chargés de s’assurer le soutien des membres de la coalition aux projets de loi gouvernementaux. Sur les 37 accusés, 25 ont été reconnus coupables. L’ancien Premier ministre José Dirceu est l’un d’eux : il a été condamné à dix ans et dix mois de prison pour avoir orchestré le détournement de 60 millions d’euros destinés à acheter des votes. C’est une grande – et fâcheuse – première au Brésil.

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Ayant lui-même écopé de quarante ans de réclusion, Marcos Valério Fernandes accuse donc Lula de n’avoir rien ignoré du système, mais aussi – et c’est évidemment plus grave – d’en avoir, à l’occasion, personnellement bénéficié. Le publicitaire jure ainsi avoir, en 2003, viré 50 000 dollars sur le compte bancaire d’un proche collaborateur du président.

Faute de preuves

En 2006, le scandale du mensalão avait failli coûter sa réélection à Lula. Blanchi par la justice, faute de preuves, il avait réussi à regagner la confiance des Brésiliens. Puis, quatre ans plus tard, à faire élire à sa place sa candidate, Dilma Rousseff. L’homme politique le plus populaire du Brésil – il a sorti de la pauvreté 40 millions de ses compatriotes et fait de son pays une grande puissance économique – n’occupe plus aujourd’hui de fonction publique et ne bénéficie donc plus d’aucune immunité judiciaire. Après examen du dossier en première instance, le juge aura deux possibilités : soit ouvrir une nouvelle enquête, soit classer définitivement l’affaire.

En attendant, on s’interroge beaucoup sur le point de savoir si Lula a véritablement renoncé à toute ambition présidentielle. Depuis plusieurs mois, la rumeur courait d’un possible retour. Mais, fin janvier, ses collaborateurs ont annoncé qu’il ne se présenterait ni en 2014 ni en 2018. Sage décision ?

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