États-Unis : que les gros donateurs lèvent le doigt !
Pour espérer obtenir une ambassade prestigieuse – Londres, Paris, Pékin et quelques autres -, il faut avoir contribué pour au moins un million de dollars à la réélection de Barack Obama.
Pour moins de 1 million de dollars, t’as plus rien. Enfin, pas grand-chose. C’est ce que doivent se dire certains gros donateurs de la campagne électorale de Barack Obama qui, avec la réélection de leur champion à la présidence, espéraient un retour sur investissement. Sous la forme, par exemple, d’un poste d’ambassadeur des États-Unis dans un pays d’Europe occidentale. Or s’il faut en croire le New York Times, il faut pour cela avoir contribué à lever plus de 1 million de dollars…
Dès la réélection d’Obama, ses principaux soutiens ont commencé à jouer des coudes. Anna Wintour, la très médiatique directrice du magazine Vogue US, avait des vues sur le poste le plus prestigieux : l’ambassade à Londres. Las, celle-ci devrait échoir à Matthew Barzun, le directeur de la campagne de levée de fonds. Toujours selon le New York Times, Wintour a, dans la foulée, fait savoir à l’administration qu’elle renonçait à briguer le poste d’ambassadeur à Paris. Lequel pourrait revenir à Marc Lasry, directeur d’un hedge fund et principal relais d’Obama auprès de Wall Street.
Opacité
Quelque trois cents postulants se disputant une trentaine de postes… La lutte est forcément âpre. Et pas toujours très transparente. Mais il y a quand même quelques règles à suivre. Pour augmenter ses chances, mieux vaut ainsi viser plusieurs pays. Et se préparer à ne rester en poste que deux ans pour permettre au président de récompenser d’autres généreux bienfaiteurs. Ceux qui ont des liens avec le pays d’accueil sont évidemment avantagés. Les candidats les plus fortunés aussi. Car le traitement d’un ambassadeur – 179 700 dollars par an maximum (134 400 euros), plus le logement – ne suffit pas toujours à couvrir ses dépenses.
Selon l’American Foreign Service Association, Obama a jusqu’à présent respecté la tradition en nommant environ 70 % de diplomates de métier – à qui échoient toujours les ambassades les plus dangereuses (Yémen, Libye, etc.) -, et 30 % d’amis politiques, qui affichent une prédilection marquée pour les ambassades en Europe, mais aussi dans les Caraïbes et, de plus en plus, dans certains pays d’Asie comme la Chine. Selon deux chercheurs de l’université de Pennsylvanie, un important donateur a 90 % de chances d’être nommé dans un de ces pays plutôt qu’en Asie centrale ou en Afrique subsaharienne.
Arrogance
Mais que valent ces ambassadeurs très politiques ? Leur meilleur atout est évidemment leur proximité avec le président. Le revers de la médaille, c’est parfois une certaine arrogance. Le pire exemple en est Cynthia Stroum, une importante donatrice de la première campagne d’Obama, qui, nommée au Luxembourg, démissionna en janvier 2011, un mois avant la sortie d’un rapport de l’inspection générale du département d’État critiquant son style de management. Une erreur de casting qu’Obama, qui annoncera ses choix au cours de ce premier semestre, ne veut surtout pas reproduire.
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