Algérie : le FLN à la recherche de consensus

Avec la mort soudaine d’Abderrazak Bouhara, la perspective d’un secrétaire général consensuel pour diriger le premier parti du pays jusqu’à la tenue du prochain congrès semble s’éloigner.

Obsèques d’Abderrazak Bouhara, le 11 février, à Alger. © Sipa

Obsèques d’Abderrazak Bouhara, le 11 février, à Alger. © Sipa

Publié le 25 février 2013 Lecture : 4 minutes.

Pressenti pour succéder à Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), destitué le 31 janvier après un vote de défiance du Comité central, Abderrazak Bouhara, 79 ans, ancien coordonnateur de l’appareil du parti dans les années 1980, est décédé dix jours plus tard, emporté par une crise cardiaque. Un scénario catastrophe pour la première force politique du pays au lendemain de deux échéances électorales qu’elle a largement remportées et à un an d’une présidentielle (prévue en avril 2014) cruciale pour l’avenir de l’Algérie.

La destitution de Belkhadem a été des plus démocratiques, le secrétaire général sortant ayant été battu de quatre voix (160 contre 156) lors d’un vote à bulletin secret. La majorité du Comité central a ensuite opté pour un successeur consensuel jusqu’à la tenue du 10e congrès ordinaire, prévu au second semestre 2013. Dans un parti éclaté en trois grandes tendances, Abderrazak Bouhara était la seule personnalité répondant à ce profil : ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN), historien et jouissant d’une grande expérience au sein du sérail, il aurait pu être ce fédérateur dont le FLN avait grandement besoin. Sa disparition a plongé le parti, direction et militants, dans un grand désarroi, car l’option du candidat consensuel est définitivement enterrée. « Le FLN est aujourd’hui contraint de revenir au sandouq [l’urne, NDLR] pour se choisir un nouveau secrétaire général, déclare Abdelhamid Si Affif, membre du Bureau politique, d’autant plus que nous venons d’adhérer à l’Internationale socialiste, une institution pointilleuse en matière de pratique démocratique. » Si Affif était « comptabilisé » parmi les soutiens du secrétaire général sortant, le camp des « redresseurs » n’a pas tardé à répliquer. « Nous poursuivons nos concertations, a réagi Abdelkrim Abada, ancien bras droit d’Ali Benflis, prédécesseur de Belkhadem, pour tenter de trouver une personnalité qui puisse fédérer l’ensemble de la famille FLN. »

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Le fonctionnement du parti étant quasiment gelé depuis le 31 janvier, cette quête de l’oiseau rare devra se faire très vite, soit avant la tenue de la prochaine session du Comité central, dont la date devait être fixée lors d’une réunion du Bureau politique, le 14 février. Deux options se présentent, toutes deux pleines d’incertitudes. L’une découlerait d’une quête fructueuse du fameux candidat de consensus, l’autre d’une décision par la voie des urnes.

Anciennes figures

Pour la première, le FLN devrait puiser dans ses réserves d’anciens dirigeants, parmi lesquels figurent Rabah Goudjil, 78 ans, actuellement membre du Conseil de la nation (Sénat), ex-ministre de Chadli Bendjedid (c’est dire son ancienneté) et l’un des plus farouches opposants de Belkhadem, ou Abderrahmane Belayat, 79 ans, doyen des membres du Bureau politique. Autre solution préconisée dans la recherche d’une personnalité consensuelle, le choix d’un membre FLN du gouvernement. La candidature d’Amar Tou, ministre des Transports et animateur du mouvement de redressement qui a emporté Belkhadem, a été envisagée, mais l’intéressé s’est défilé.

Le nom d’Abdelaziz Ziari, titulaire du maroquin de la Santé et incarnation du courant moderniste au sein du FLN, est de plus en plus évoqué.

Parmi les ministres d’Abdelmalek Sellal, le nom d’Abdelaziz Ziari, titulaire du maroquin de la Santé, ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du Parlement) et incarnation du courant moderniste au sein du FLN, est de plus en plus évoqué. Une telle éventualité constituerait une seconde défaite pour Belkhadem tant les deux hommes se détestaient cordialement. Une troisième personnalité pourrait faire consensus : Abdelkader Hadjar, ambassadeur d’Algérie à Tunis, et surtout grande gueule du FLN et agitateur permanent devant l’Éternel. Mais ce « singulier diplomate » compte de nombreux adversaires au sein du Comité central, d’autant qu’il tient à son poste d’ambassadeur.

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La voie des urnes

Reste la seconde option : la voie démocratique et le choix par l’urne. Quelques heures après la destitution d’Abdelaziz Belkhadem, une commission de candidature a été installée. « Pour l’heure, nous avons enregistré huit candidatures », affirme Abdelhamid Si Affif, sans autre précision sur le nom des postulants, si ce n’est la présence de deux députées. Une femme à la tête du FLN ? Peu probable tant les structures du parti ont toujours été déficitaires en matière de représentation féminine. L’atout jeunesse ? « Plus de 80 % de nos militants ont moins de 60 ans et disposent de diplômes supérieurs », assure Si Affif. Dans un parti de dinosaures, être jeune signifie avoir moins de 60 ans. On a les critères qu’on peut.

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Consolation pour le FLN, il n’est pas la seule formation politique à connaître des problèmes de direction. Le Rassemblement national démocratique (RND) traverse une bourrasque, le Front des forces socialistes (FFS) vit une crise de succession, et même le très stable Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, laïc) est secoué par une dissidence qui exige le retour de Saïd Sadi, président démissionnaire en mars 2012, après vingt-trois années passées à la tête du parti. 

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