Maroc : le débat sur l’avortement met en lumière les fractures au sein du PJD

Relancé par la mort tragique de la jeune Meriem, 15 ans, le débat sur l’avortement qui secoue le Maroc concerne aussi le parti islamiste. En 48 heures, ses deux leaders historiques, El Othmani et Benkirane, ont exprimé des positions radicalement opposées.

L’ancien chef du gouvernement PJD Saadeddine El Othmani. © Jalal Morchidi/Anadolu Agency/AFP

Publié le 6 octobre 2022 Lecture : 4 minutes.

Un an après sa défaite aux élections législatives, le PJD défend toujours contre vents et marées le bilan de ses dix années passées à la tête de l’exécutif. Le 28 septembre, à l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), Saadeddine El Othmani, ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD qui a pourtant préféré son cabinet de psychiatre aux arcanes de la politique depuis plus d’un an –, s’est fendu d’un tweet pour interpeller le gouvernement sur le retrait d’un projet de loi prévoyant la dépénalisation de l’avortement en cas de force majeure (viol, inceste, malformation du foetus, mise en danger de la santé de la mère). Ce tweet fait écho à l’histoire tragique de Meriem, une adolescente de 15 ans, décédée dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier des suites d’une interruption de grossesse clandestine et non consentie, après un viol, et à la mobilisation de la société civile que cela a engendrée.

El Othmani a rebondi sur le hashtag #criminal_law_draft pour rappeler l’existence d’un tel projet, mis en place en 2015 sous un gouvernement PJD – dirigé à l’époque par Abdelilah Benkirane –, et à la demande du roi Mohammed VI. Cette année-là, la loi avait été en partie rédigée et défendue par Mustafa Ramid, alors ministre de la Justice, un autre ténor du PJD, pourtant connu pour ses positions très conservatrices. « En tant que parlementaire, j’ai participé moi-même à l’étude de ce texte, et je peux certifier que le groupe PJD était d’accord avec tous les amendements proposés par la commission royale. Plus tard, nous avons fait face à de grandes résistances, pour des raisons idéologiques mais aussi politiques », affirme Amina Maelainine, ex-députée, membre de la Commission Justice et Droits de l’Homme.

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