Côte d’Ivoire : à chacun sa place

Ancienne ministre de la Famille, présidente du Renouveau pour la paix et la concorde (RPC).

Publié le 27 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Voilà presque vingt ans que le père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, est décédé, et ses « enfants » n’arrivent toujours pas à assumer l’héritage colossal et ô combien complexe qu’il leur a légué. Ce qui devrait être un havre de paix et de concorde est aujourd’hui un capharnaüm d’intérêts sociopolitiques antagonistes, parfois neutralisants et destructeurs. La Côte d’Ivoire est malade à la fois de ses élites mal inspirées et intéressées ; de sa jeunesse intrépide et mal formée, proie logique d’aînés aux ambitions démesurées ; de sa population de plus en plus pauvre et désargentée, dont le quotidien ressemble plus à une survie qu’à une vie ; et, enfin, de sa « démocratie » aux relents tribalo-affairistes et sectaires, avec pour chef d’orchestre le dieu jacobin qui fait et défait les carrières.

Comment sommes-nous arrivés à cette situation ? À l’image d’un avion au décollage chaotique, la Côte d’Ivoire portait en elle les germes de sa déshérence actuelle, qui trouve ses fondements dans son accession à l’indépendance, le 7 août 1960. Avec une population très peu éduquée, elle avait un gros handicap, d’où son appel aux élites africaines, particulièrement des pays voisins, pour instruire ses enfants et gérer son administration. Une prise de conscience de sa jeunesse nouvellement instruite déboucha sur des émeutes entraînant le départ précipité de ses hôtes, dont le grand tort avait été de se sentir plus ivoiriens que les nationaux.

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Quiétude

La suite est encore plus dramatique. Chute des cours des matières premières, dettes abyssales, dépenses publiques non maîtrisées, ajustement structurel raté avec son cortège de privatisations à tout va, héritiers aux appétits féroces, armée moyennement formée, etc. Pourtant, la Côte d’Ivoire est un pays riche et prospère, en dépit de son acceptation comme pays pauvre très endetté (PPTE).

Cerise sur le gâteau, le remaniement ministériel de novembre, qui aurait pu sortir le pays de son inertie politique en rassemblant tous les courants dans une synergie d’actions en faveur de la réconciliation vraie, est venu doucher les espoirs du vivre-ensemble. Les Ivoiriens sont fatigués et aspirent à vivre dans la quiétude.

Un espoir demeure, si et seulement si nous nous inscrivons dans cette triple solution qui s’offre à nous : circonscrire l’appétit vorace des élites politiques à travers une vraie démocratie ; instaurer un véritable climat de paix, gage de tout développement harmonieux par une vraie politique sécuritaire et sociale ; informatiser totalement l’administration et procéder à une réelle réforme économique de son système de gestion publique en permettant l’épuration de sa dette intérieure, ce qui donnera un véritable coup de pouce au PIB. Les volontés ne manquent pas. Il suffit de donner à chacun sa place et sa chance dans cette Côte d’Ivoire nouvelle. Son avenir en dépend. Asseyons-nous et discutons sans faux-fuyants.

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