Burkina, Mali, Guinée : souverainisme de pacotille et marchands d’illusions, par Marwane Ben Yahmed

Exacerbation de la fierté nationale, désignation de boucs émissaires, promotion d’un panafricanisme dévoyé… Telles sont les clés de la popularité des putschistes ouest-africains.

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Publié le 10 octobre 2022 Lecture : 5 minutes.

ÉDITORIAL – L’aberrant coup d’État dans le coup d’État survenu à Ouaga ce 2 octobre est édifiant à plus d’un titre. S’il ne peut que désespérer ceux qui connaissent et apprécient le Burkina, que nous avons désormais de plus en plus de mal à surnommer « le pays des hommes intègres », il illustre par ailleurs une tendance de fond à ne pas prendre à la légère et qui se propage comme une trainée de poudre : la quête éperdue de souveraineté, la soif inextinguible d’indépendance et le rejet viscéral de l’ancienne puissance coloniale, la France en l’occurrence.

Le nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré, l’a bien compris, qui a su habilement jouer de ce ressentiment pour arracher le pouvoir des mains du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Samedi 1er octobre, à la Radio-Télévision burkinabè (RTB), alors que le rapport de force penchait encore du côté de Damiba, Ibrahim Traoré a tenté un malicieux coup de poker en affirmant que son adversaire se serait réfugié à une trentaine de kilomètres de la capitale « au sein de la base française de Kamboinsin ». Et de préciser : « Il est en mesure de planifier une contre-offensive afin de semer le trouble au sein de nos forces de défense et de sécurité. Cela fait suite à notre ferme volonté d’aller vers d’autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme. » Une allusion à peine voilée à la Russie, déjà principal soutien des autorités de transition maliennes.

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