Algérie : pourquoi et comment Belkhadem est tombé
« J’ai été trahi par les miens… » Une heure après le vote de confiance qui l’a destitué, le 31 janvier, de son poste de secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem est encore sous le choc.
Devant sa garde rapprochée, il explique que cette trahison est venue de ses proches, ceux-là mêmes qu’il a installés au comité central, instance suprême du parti, et qui devaient lui assurer la victoire ce jour-là, à l’hôtel Riadh de Sidi Fredj, sur le littoral ouest d’Alger. Ayant refusé de démissionner, comme le réclamaient ses opposants, Belkhadem a opté pour un vote de confiance tant il était convaincu d’obtenir la majorité. Sauf que 160 membres du comité central ne l’ont pas suivi, contre 156 votes favorables. Belkhadem, 67 ans, quitte donc la direction du parti comme il y avait été propulsé, par le biais d’un « mouvement de redressement ».
Guerre larvée
En huit ans, il a pourtant tout conquis : le FLN, le premier ministère, qu’il dirige entre mai 2006 et juin 2008, et surtout la confiance du président, qui en fera même son représentant personnel au sein du gouvernement. Une fois à la tête du FLN, cet ancien instituteur de langue arabe place ses hommes dans toutes les instances du parti, écarte ses rivaux sans ménagement, s’entoure d’hommes d’affaires à la réputation douteuse et affiche ouvertement son ambition de succéder à Bouteflika. Trop ambitieux, Belkhadem ?
« Il s’est écarté des principes du FLN, s’est inspiré du programme d’un parti islamiste soudanais, a imposé des femmes et des hommes étrangers à notre formation politique et introduit la culture de la chkara [« sac d’argent », NDLR], commente El Hadi Khaldi, ex-ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels. Il a mis le FLN au service de ses ambitions personnelles et se voyait déjà au palais d’El-Mouradia. » Belkhadem a transformé le FLN en zaouia (« confrérie ») dont il était devenu le chef, persifle de son côté le sénateur Salah Goudjil, ennemi juré de l’ex-secrétaire général, qui aura mené pendant plus de deux ans, aux côtés de pontes du parti, de ministres, de députés et de sénateurs, une guerre larvée pour « dégager » Belkhadem.
Tenace, celui-ci s’est accroché, se prévalant de la protection du chef de l’État. « Il a vainement attendu un geste, un coup de fil, un message de Bouteflika, nous confie un dirigeant du FLN. Il espérait en faire une carte pour se maintenir. » Le message de Bouteflika est arrivé le 9 janvier, quand huit ministres FLN somment Belkhadem, dans un communiqué pesé et soupesé par la présidence, de se démettre, l’accusant d’utiliser « les moyens de l’État pour assouvir ses ambitions politiques ».
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