Contre la faim, il n’y a plus de temps à perdre !

José Graziano da Silva est directeur général de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

Publié le 12 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Répondre aux défis d’un continent en lui imposant un ordre du jour qui viendrait de l’extérieur équivaudrait, malgré les meilleures intentions du monde, à aller droit dans le mur. Ce fut, à maintes reprises, la recette proposée pour résoudre ce qui est communément appelé « le problème africain », mais le continent ne veut plus être traité comme s’il était le problème de quelqu’un d’autre, ni être assujetti à des solutions qu’il n’aurait pas lui-même imaginées.

Tel était le message clair exprimé par Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), lorsque nous nous sommes rencontrés à Addis-Abeba, en novembre 2012. L’ancien chef de l’État brésilien, Lula da Silva, était également présent. Nous n’avons pas, à l’issue de cette réunion, annoncé de nouveaux projets pour mettre un terme à la faim en Afrique, mais, ensemble, l’UA, la FAO et l’Institut Lula ont scellé une alliance pour développer leur travail sur la sécurité alimentaire en Afrique.

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La nouveauté, c’est que cette alliance renforcera les complémentarités entre les initiatives déjà en cours. Elle permettra de faire un pas en avant, tout en poursuivant la mise en oeuvre des actions engagées dans le cadre des programmes existants, notamment le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA). Cette approche peut sembler modeste, mais elle implique des transformations profondes sur le plan conceptuel. La solution à la faim en Afrique ne saurait se fonder sur des recettes miraculeuses qui piègent les peuples africains dans d’interminables cycles de projets, qui tous se présentent comme le meilleur tremplin vers un avenir libéré de la faim.

Une étape essentielle consiste à faire en sorte que les agriculteurs de subsistance se transforment en petits producteurs.

Ce que nous voulons, c’est un partenariat ouvert dirigé par des Africains, mais auquel il conviendra d’associer d’autres partenaires locaux, régionaux et internationaux, les secteurs public et privé, les organisations de la société civile ainsi que la coopération Sud-Sud et son formidable potentiel. Le rôle de la FAO est de soutenir cet effort dirigé par l’Afrique, et c’est ce que nous faisons. Il ne fait aucun doute qu’en travaillant de la sorte nous pourrons avancer rapidement pour permettre aux 54 pays qui composent la mosaïque africaine de garantir la sécurité alimentaire à leurs populations.

Une étape essentielle consiste à faire en sorte que les agriculteurs de subsistance se transforment en petits producteurs. Cela permettrait à la fois d’améliorer leurs moyens de survie et de générer des excédents commercialisables qui couvriraient la demande supplémentaire créée, par exemple, par les programmes de repas scolaires et par d’autres formes de protection sociale. Tout cela contribuerait à instaurer un développement durable au niveau local.

Dans le même temps, il convient de bien comprendre que la sécurité alimentaire va bien au-delà de la question agricole. Dans cette perspective, la gouvernance est la clé. Pour atteindre la sécurité alimentaire, rien ne peut remplacer la conjugaison d’un consensus politique, de programmes novateurs et d’une participation active de toutes les composantes de la société.

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Aujourd’hui, la malnutrition touche un Africain sur quatre. Le nombre de personnes chroniquement sous-alimentées en Afrique est passé de 175 millions au début des années 1990 à près de 240 millions en 2012. Bien que certains pays aient enregistré des progrès, l’Afrique en tant que région se bat toujours contre la faim. Derrière les chiffres, le message est clair : il n’y a pas de temps à perdre. La sécurité alimentaire est le fondement sur lequel l’avenir de l’Afrique doit être construit. Elle est aussi le fondement de la paix, car les liens entre la faim et les conflits ne sont, malheureusement, que trop évidents.

Quiconque pécherait par manque de confiance en l’avenir de l’Afrique et ne saurait regarder au-delà de ses problèmes immédiats se refuserait, en fait, à reconnaître ses possibilités et la nécessité de rattraper le reste du monde. Il est de la responsabilité de la FAO et de ses partenaires d’aider l’Afrique à atteindre son plein potentiel et de faire un grand pas en avant dans le cadre de notre lutte pour éradiquer la faim dans le monde. 

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