Mali : ces imams qui ne veulent pas du jihad

Ousmane Madani Haïdara, le prédicateur le plus célèbre du Mali, le vice-président du Haut Conseil islamique (HCI), et Mahmoud Dicko, l’influent président du HCI, s’opposent aux jihadistes.

Le prédicateur Cherif Ousmane Madani Haïdara le 9 avril 2012, à Bamako. © AFP

Le prédicateur Cherif Ousmane Madani Haïdara le 9 avril 2012, à Bamako. © AFP

Publié le 12 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Ils sont deux. Deux figures de l’islam au Mali vers lesquelles tous les regards se tournent depuis que la France et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont décidé de donner la chasse aux islamistes armés. Le premier, c’est Ousmane Madani Haïdara, le prédicateur le plus célèbre du pays, le vice-président du Haut Conseil islamique (HCI), également fondateur d’une association baptisée Ansar Eddine (souvent confondue avec l’organisation d’Iyad Ag Ghali).Il n’a pas de mots assez durs pour condamner les jihadistes : « Ces gens-là n’étaient pas les bienvenus. Leur prétendu islam non plus. Je suis très content de l’intervention de la France. »

Le deuxième homme dont les Maliens attendaient qu’il se prononce, c’est Mahmoud Dicko, l’influent président du HCI originaire de Tombouctou. Sa position à lui était plus délicate. Alors que Haïdara s’était depuis le début opposé aux tentatives de conciliation avec les rebelles (« un voleur qui change d’habits reste un voleur »), Dicko avait d’abord été partisan du dialogue. En avril 2012, c’est à lui qu’Iyad Ag Ghali avait demandé de récupérer 163 militaires maliens faits prisonniers. Quatre mois plus tard, en août 2012, il avait encore été l’un des premiers autorisés à pénétrer dans Gao, fief du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), pour y apporter vivres et médicaments.

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"Il va falloir ressouder le peuple malien"

Autant de « détails » qui, pour ses détracteurs, avaient fait de l’imam d’obédience wahhabite un « complice » des jihadistes. « Il a fallu le pousser pour qu’il condamne l’application de la charia dans le Nord », affirme l’un de ses adversaires. « En tant que premier responsable de l’islam malien, c’était mon rôle d’essayer de les raisonner », se défend Dicko.

Il a d’ailleurs bien accueilli l’intervention française. Il fait partie de ses plus fervents défenseurs, fustigeant aujourd’hui ceux qui accusent la France de mener une guerre contre l’islam : « Le Mali, dit-il, est membre fondateur de l’Organisation de la coopération islamique, mais il n’a pas bénéficié de la solidarité de ses membres. » Il aime rappeler aussi qu’aucun pays musulman ne s’est érigé contre les atrocités commises au nom de l’islam. Et conclut : « C’est maintenant que cela va être difficile. Il va falloir ressouder le peuple malien. »

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Malika Groga-Bada, envoyée spéciale

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