Mauritanie : l’UPR, une majorité silencieuse

Divisée entre sa vieille garde et son courant progressiste, qui a initié un dialogue avec l’opposition, l’Union pour la République (UPR) est restée discrète pendant l’absence du chef de l’État.

Lancement de la campagne 2012 de l’UPR. © DR

Lancement de la campagne 2012 de l’UPR. © DR

Publié le 5 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Il est le meilleur soutien de Mohamed Ould Abdelaziz. Le parti au pouvoir en Mauritanie, l’Union pour la République (UPR), s’est donné une mission : la défense de la ligne politique du chef de l’État. La plus grande formation du pays en termes d’adhérents est aussi l’une des plus jeunes. Avant « Aziz », elle n’existait pas. « L’UPR est née dans la tourmente, commente Mohamed Fall Ould Oumère, rédacteur en chef de l’hebdomadaire La Tribune. C’est d’ailleurs sans doute son péché originel. »

Après le coup d’État fomenté par Ould Abdelaziz le 6 août 2008, le nouveau pouvoir ne disposait pas d’un pôle politique. Le parti a donc été créé dans la précipitation, au moment de la signature de l’accord de Dakar, en juin 2009, à la veille de la présidentielle. Après sa victoire (il a été élu avec 53 % des voix), Aziz lui-même est intervenu dans la nomination de ses dirigeants : le président, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine ; le premier vice-président, Mohamed Yahya Ould Horma ; et le secrétaire général, Oumar Ould Maatallah. Il l’aurait regretté par la suite. Ne voulant pas compter sur une seule formation, il a alors encouragé la création de petits partis alternatifs pour élaborer une majorité plus diversifiée.

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Reste que le parti est, après Tawassoul (formation d’obédience islamiste, opposition), l’un des mieux implantés en Mauritanie. Il a un bureau dans chaque wilaya (région), moughataa (département) et commune du pays. « L’adhésion est forte car il est perçu comme le parti-État, comme une rampe de lancement pour accéder aux hautes fonctions, analyse un observateur de la vie politique mauritanienne. On le rejoint davantage par tactique que par conviction. »

Dons

L’UPR manque en revanche de moyens. La formation vit de dons, mais ses adhérents, hauts responsables et hommes d’affaires notamment, ne sont plus tenus de contribuer à ses frais de fonctionnement – tandis qu’à l’époque du colonel Maaouiya Ould Taya (1992-2005) participer au financement du Parti républicain démocratique et social (PRDS) ainsi qu’aux manifestations était une obligation.

C’est l’une des plus jeunes formations du pays et celle qui compte le plus d’adhérents.

À cela s’ajoute, comme dans nombre de partis mauritaniens, un problème de leadership. Un clivage traverse l’Union entre la « vieille garde », massivement constituée des héritiers d’Ould Taya, et la branche plus progressiste (incarnée notamment par Mohamed Yahya Ould Horma), qui milite pour un renouveau de la scène politique. C’est cette branche qui a accepté de prendre part à un dialogue avec la Coordination de l’opposition démocratique (COD) au mois de novembre 2012.

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« Dans un parti qui doit tout à son chef, il y a beaucoup de mécontents, dit un journaliste mauritanien. Mais il est bien connu que la proximité avec Aziz ne donne pas droit à des récompenses. » Seulement, depuis sa campagne, les visites de Mohamed Ould Abdelaziz au siège de la formation sont devenues rarissimes. Il n’a d’ailleurs pas de contacts réguliers avec l’UPR. Reste que pendant son hospitalisation puis sa convalescence en France (du 13 octobre au 24 novembre), le président du parti, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, était l’un des rares à s’entretenir régulièrement au téléphone avec lui. On prête à cet ancien ministre de la Défense une nature calme et prudente. Ce qui explique sans doute que lors de l’absence d’Aziz, alors que l’opposition faisait entendre ses revendications, l’UPR est restée en retrait. Le chef de l’État de retour, la priorité du parti est désormais ailleurs : faire campagne en vue des futures élections législatives et municipales.

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