Maroc-Israël : qu’a vraiment gagné Rabat en normalisant ses relations avec Tel-Aviv ?
En nouant des relations diplomatiques avec Israël, le royaume a obtenu certains avantages. Mais ce rapprochement a aussi eu un coût. Deux ans après les Accords d’Abraham, JA fait le bilan.
Au royaume, l’été 2022 aura été ponctué par les visites successives de responsables israéliens de premier plan : la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, en juin ; le chef d’état-major de l’armée, Aviv Kochavi, en juillet ; et enfin le chef de la police, Yaakov Shabtai, début août. Depuis la signature des Accords d’Abraham entre les deux pays, le 15 décembre 2020, le Maroc et l’État hébreu ont fait de la sécurité leur priorité. Un an après la normalisation, « ou plutôt une régularisation de leur relation », comme le souligne l’historien Pierre Vermeren, c’est d’ailleurs Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense, qui avait inauguré le ballet des visites israéliennes au royaume, fin novembre 2021.
À l’époque, il s’agissait de la toute première visite officielle d’un ministre de la Défense au Maroc, qui a finalement donné lieu à la signature d’un protocole d’accord sécuritaire « sans précédent », selon Gantz. Si les clauses de cet accord demeurent à ce jour secrètes, il est néanmoins censé faciliter les ventes d’armes israéliennes au Maroc et fluidifier davantage le partage d’informations entre leurs services de renseignements respectifs. Depuis cette signature, le royaume a fait l’acquisition du système de défense aérienne et anti-missiles Barak MX (contrat à 500 millions de dollars), une flotte de drones destinés à la surveillance, ou encore des intercepteurs de drones Skylock.
Pour le symbole, Benny Gantz était venu accompagné de trois officiers de Tsahal, dont deux d’origine marocaine : le général Yaki Dolf, secrétaire militaire du ministre, et le colonel Noam Arbeli. L’existence d’une communauté juive au Maroc et d’une communauté d’origine marocaine en Israël (la deuxième après celle originaire de Russie) pousse « les Israéliens à considérer le Maroc avec beaucoup de sérieux », estime David Rigoulet-Roze, enseignant-chercheur spécialiste du Moyen-Orient.
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