Allemagne : carton rouge pour l’extrême droite ?

En Allemagne, le Parti national-démocrate, à l’extrême droite de l’échiquier politique, n’obtient que de médiocres scores électoraux. Ce qui ne l’empêche pas d’influencer tous les partis néonazis. Les seize Länder souhaitent maintenant l’interdire.

Rassemblement sur l’Alexanderplatz, à Berlin, en 2005. © AP/SIPA/Martin Meissner

Rassemblement sur l’Alexanderplatz, à Berlin, en 2005. © AP/SIPA/Martin Meissner

Publié le 25 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Au niveau national, il n’atteint pas même 2 % des suffrages. Pourtant, le Parti national-démocrate (NPD) inquiète l’Allemagne en raison de ses prises de position antisémites, xénophobes et révisionnistes. Du coup, les seize Länder viennent de lancer contre lui une procédure d’interdiction. Après discussions au Parlement, le dernier mot reviendra à la Cour constitutionnelle, à Karlsruhe, seule habilitée à établir si les agissements du NPD sont contraires à la Constitution.

« Des voix chaque jour plus nombreuses jugent inacceptable qu’un tel parti puisse avoir pignon sur rue et bénéficier de financements publics, commente le politologue Gideon Botsch. Il possède un fort pouvoir de nuisance grâce à ses liens avec divers groupuscules néonazis. » Créé en 1964, le NPD compte entre 5 000 et 6 000 adhérents et un nombre croissant de sympathisants dans l’ex-Allemagne de l’Est, gangrenée par le chômage et où les agressions racistes se multiplient. La Saxe et le Mecklembourg-Poméranie sont d’ailleurs les deux seuls Länder à compter respectivement 8 et 5 députés NPD au Parlement régional.

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Mais si 70 % des Allemands sont favorables à une interdiction, gouvernement et partis sont divisés. Parce que le débat qu’elle suscitera offrira une tribune rêvée au NPD en cette année électorale. Et que le parti a lui aussi saisi les sages de Karlsruhe pour faire valoir ses droits. Et parce qu’en cas de dissolution, il menace de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à Strasbourg.

Meurtres en série

Il est d’ailleurs possible que la procédure engagée tourne court, comme en 2003. À l’époque, le nombre des agents des services de renseignements infiltrés dans les structures dirigeantes était tel qu’il avait été impossible de statuer sur l’authenticité des témoignages recueillis. Cette fois, les chances d’aboutir semblent plus sérieuses. La découverte, en 2011, d’une cellule terroriste proche du NPD responsable de dix meurtres entre 2000 et 2006 (la plupart des victimes étaient d’origine turque) constitue un élément à charge capital.

L’extrême droite a donc joué sa dernière carte en créant un nouveau parti, Die Rechte (« la droite »), susceptible d’accueillir les ex-NPD. « Bien sûr qu’un autre parti radical verra le jour, confirme Gideon Botsch, mais cela devrait quand même prendre un certain temps. »

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