Nana Akufo-Addo : « Russe ou Français, il faut cesser de dépendre de l’homme blanc »
Coups d’État à répétition en Afrique de l’Ouest, montée du sentiment antifrançais, influence grandissante de Moscou… De passage à Paris, le chef de l’État ghanéen a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Que pense-t-il de ses remuants voisins qui multiplient les coups et les contre-coups ? L’ancien opposant devenu chef de l’État est un homme pragmatique. Président en exercice de la Cedeao en 2021 lorsque celle-ci fait pression contre le Mali pour qu’il cesse de louvoyer et propose une calendrier clair, il plaide aujourd’hui encore pour des sanctions autant que pour la nécessité de laisser une chance au dialogue.
Francophone et francophile assumé, Nana Akufo-Addo n’a pas la langue dans sa poche, il l’a prouvé plus d’une fois. En novembre 2017, il avait profité d’une visite-éclair d’Emmanuel Macron à Accra pour livrer une cinglante démonstration de parler-vrai. « Il est temps que les Africains cessent de conduire leur politique sur la base de ce que soutiennent ou souhaitent les Occidentaux, l’Union européenne ou la France, avait-il martelé. Cela ne marche pas, cela n’a jamais marché, cela ne marchera jamais. Arrêtons de nous demander ce que la France peut faire pour nous. La France fait de son mieux pour elle-même d’abord. »
Cinq ans et une réélection plus tard, Nana Akufo-Addo n’a pas changé. En visite officielle à Paris mi-octobre, fait docteur honoris causa par l’université de la Sorbonne (« J’aime la France », a-t-il répété en recevant – ému – la prestigieuse distinction), il ne s’est pas privé de tacler les pays du G20, et de critiquer leur manque de solidarité à l’égard de l’Afrique face au changement climatique. « Paris, pas plus que Moscou, ne devrait être une alternative », insiste-t-il lorsque nous le rencontrons, le 13 octobre, confortablement installé dans un palace parisien. Et d’expliquer que la France est certes un bouc-émissaire facile, mais qu’elle en est largement responsable.
Jeune Afrique : Les coups d’État à répétition au Mali, en Guinée et plus récemment au Burkina sont-ils le signe d’un échec généralisé de la démocratie en Afrique de l’Ouest ?
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