Arabie saoudite : les femmes entrent au Conseil royal… par la petite porte
Trente femmes vont siéger au Conseil royal, par la grâce du roi Abdallah. Une brèche dans l’empire du machisme en Arabie saoudite.
En Arabie saoudite, le roi fait la révolution. En annonçant le 11 janvier la nomination de trente femmes au Conseil de la Choura – soit 20 % des effectifs de cette assemblée qui compte 150 membres -, Abdallah Ibn Saoud élève sa monarchie ultraconservatrice au rang des « champions » régionaux de la parité. De manière très relative, certes, cette assemblée n’ayant qu’un rôle consultatif dans l’élaboration de la politique du royaume où le multipartisme reste proscrit. Ces femmes tout de noir voilées siégeront séparément de leurs pairs masculins et devront s’offrir un chauffeur ou dépendre du bon vouloir d’un homme de la famille pour se rendre aux séances, risquant le fouet si la police venait à les surprendre au volant d’une voiture…
Toutefois, « cette décision n’est pas seulement une mesure symbolique destinée à flatter l’opinion internationale, elle se situe dans le droit fil d’une politique de promotion des femmes dans la société, que suit le roi depuis quinze ans », souligne Fatiha Dazi-Héni, spécialiste de la péninsule Arabique et professeure à Sciences-Po Paris.
La participation des femmes au Conseil de la Choura avait été annoncée par le souverain en septembre 2011, lorsque celui-ci leur avait octroyé le droit de vote et d’éligibilité pour les municipales de 2015. Ironie de l’histoire, le Conseil avait alors désapprouvé que des femmes puissent se présenter aux élections. Mais Abdallah, qui dans l’empire du machisme fait figure de féministe, était passé outre, plaidant pour « une modernisation équilibrée, conforme à [nos] valeurs islamiques ».
Prise de décision
Cette année, Abdallah Al Al-Cheikh, le président du Conseil, a souhaité la bienvenue à ses consoeurs, reconnaissant dans le quotidien Asharq Al-Awsat que « les Saoudiennes excellent dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie et dans d’autres secteurs ». Parmi les heureuses « élues » désignées par le roi, Thuraya Obaïd, première boursière du royaume en 1963. Pour celle qui s’était hissée jusqu’au poste de secrétaire générale adjointe aux Nations unies, « l’heure est venue pour les Saoudiennes de participer à la prise de décision ». Une participation tout aussi symbolique que celle de leurs pairs masculins : le roi et la famille Saoud continuent de décider de tout, ou presque, dans le royaume.
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